Le Devoir

Vice Canada et Rogers mettent fin à leur partenaria­t

Des pertes d’emplois auront lieu, annonce la Guilde canadienne des médias

- PHILIPPE PAPINEAU

Le mariage de raison est rompu. Le géant des télécommun­ications et des médias Rogers et Vice Canada ont annoncé lundi par voie de communiqué avoir mis fin à leurs activités télévisées communes, notamment la chaîne Viceland. Une nouvelle qui causera des « réductions d’emplois», affirme la Guilde canadienne des médias.

L’entente conjointe entre Rogers Média et Vice Canada, qui s’élevait à 100 millions de dollars, avait été mise sur pied en octobre 2014. Elle avait permis la création de Vice Studio Canada et de la chaîne Viceland, qui cessera d’être diffusée le 31 mars 2018, a dit Rogers.

Avec la fin du partenaria­t, Vice Canada se voit donc propriétai­re à part entière de ses activités de production. «Tout notre contenu nous appartient toujours», a expliqué au Devoir Chris Ball, directeur des communicat­ions de Vice Canada.

L’entreprise médiatique a affirmé dans un communiqué distinct qu’elle annoncerai­t «bientôt» de nouveaux partenaria­ts dans le marché canadien. «Je ne peux pas détailler plus, explique Chris Ball. Mais on va pouvoir trouver d’autres partenaire­s pour diffuser peutêtre sur la télé traditionn­elle, sur les téléphones, ou même over the top [par les ser vices de contournem­ent tels que Netflix]. On va pouvoir continuer à faire progresser notre entreprise malgré la fin de l’aventure avec Rogers. »

Rogers a expliqué la fin de ce partenaria­t en affirmant que «les habitudes du public changent» et que l’entreprise repense «continuell­ement [sa] stratégie pour offrir un contenu unique aux Canadiens». «Nous comptons réaffecter notre financemen­t lié au contenu canadien à d’autres projets qui s’harmonisen­t mieux avec nos produits et nos marques», a ajouté Rogers Média.

Pertes d’emplois

Le géant torontois a précisé au Devoir avoir cédé sa participat­ion de 30% dans Vice Studio Canada à Vice Canada. Cette dernière transférer­a quant à elle ses 30% de parts dans Viceland à Rogers Média le 31 mars 2018.

La Guilde canadienne des médias, qui représente quelque 170 employés syndiqués de Vice au pays, a annoncé que «des travailleu­rs et membres à Vice Canada feront face à des réductions d’emplois ».

Le mot signé par la présidente nationale de la Guilde, Kamala Rao, ajoute que «cette décision opérationn­elle signifie que des employés dévoués et talentueux perdront leur travail. Il y aura un impact direct sur ceux qui créent et appuient de diverses manières les émissions à Vice Canada — émissions que l’on ne trouve nulle part ailleurs».

La Guilde souhaite que l’employeur offre d’abord l’option de départs volontaire­s, mais ajoute que la possibilit­é de voir des permanents être mis à pied est réelle. Ceux-ci «pourront se prévaloir de droits liés aux indemnités de licencieme­nt et au rappel ».

Vice Canada a expliqué au Devoir que les employés touchés pourraient justement être rapatriés si un nouveau partenaria­t permettait de remettre la production sur les rails.

«On est engagés à reprendre une partie de ces emplois une fois les partenaria­ts signés», a affirmé le directeur des communicat­ions de Vice, Chris Ball.

Selon M. Ball, Vice Québec n’aurait pas à craindre de compressio­ns, le volet québécois de l’entreprise ayant encore une entente avec le Groupe V médias pour une éventuelle mise en place d’une chaîne Viceland en français, annoncée en juin 2016.

Selon le Globe and Mail, la chaîne Viceland avait généré des pertes de près de 2,5 millions de dollars du 1er septembre 2015 au 31 août 2016.

Durant ce laps de temps, la chaîne avait affiché des revenus publicitai­res de 787 000 $, mais ses revenus d’abonnement avaient diminué de près de 20 %.

Vice Canada estime avoir grandement bénéficié de l’entente avec Rogers Média. «On a grandi de manière exponentie­lle au Canada», résume Chris Ball.

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