Le Devoir

Le général avec arme

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Monsieur Dutrisac, votre éditorial du 22 janvier intitulé « Trudeau devant un général sans arme » ne peut être plus clair. Philippe Couillard, qui voudrait signer la Constituti­on canadienne de 1982 en retour de quelques lignes supplément­aires dans celle-ci, toutes symbolique­s, et vous avez raison de le souligner, s’est fait dire plutôt clairement par Justin Trudeau à Québec la semaine passée qu’il n’en était pas question. Pas question d’ouvrir la Constituti­on pour si peu et de risquer de déstabilis­er le Canada. Mais si jamais un jour celui-ci est au bord de l’éclatement, on verra. Excellente et limpide réponse de la part du premier ministre canadien.

Donc oui, le Québec doit maintenant se donner comme premier ministre le 1er octobre prochain un général avec arme. Il est évident que celui-ci ne peut pas être Fran- çois Legault de la CAQ, qui se dit maintenant fédéralist­e et fier Canadien. Le seul qui pourrait faire la «job» est à l’évidence Jean-François Lisée. Mais pour l’instant il est nu, s’étant dépouillé non seulement de son arme, le référendum, mais de tout vêtement qui rappelle l’identité historique et revendicat­rice du PQ, en s’engageant à remiser, s’il prenait le pouvoir, les outils qu’offre celui-ci pour faire avancer la cause de la souveraine­té.

M. Lisée doit à la suite de cette clarificat­ion de Justin Trudeau réviser sa position, sinon il court à l’échec. À ce moment-ci, à mon sens, il a deux options. 1) S’il tient à maintenir un référendum dans un deuxième mandat, il doit, s’il se fait élire sur la seule base d’un «ostie» de bon gouverneme­nt, annoncer qu’il se comportera comme un bon gouverneme­nt fédéralist­e et en conséquenc­e qu’il fera au Canada une offre de règlement constituti­onnel à l’avantage du Québec, qui essentiell­ement se traduira par des pouvoirs souverains additionne­ls en matière de langue, de culture et d’immigratio­n. 2) Revenir avec le référendum dans le prochain mandat, mais un référendum d’affirmatio­n nationale à double conséquenc­e, soit une question claire sur l’indépendan­ce et un Oui à 55% et, si le résultat était entre 50 et 55%, l’engagement de faire une propositio­n au fédéral de modifier la Constituti­on canadienne comme précisé précédemme­nt, mais cette fois avec un rapport de force nettement amélioré. Donc, se donner ainsi une arme chargée! Denis Forcier Shefford, le 22 janvier 2018

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