Le Devoir

Entente entre le Canada et dix autres signataire­s

Avec le départ des États-Unis, le Japon devient le joueur central de cette alliance commercial­e

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

Le Canada et les dix autres membres du défunt Partenaria­t transpacif­ique (PTP) se sont entendus mardi à Tokyo sur une version amendée de l’accord commercial, un an après le retrait des États-Unis.

La nouvelle mouture de l’entente accorde au Canada un accès élargi au gigantesqu­e marché japonais. Avec le départ des États-Unis, le Japon devient le joueur central de cette alliance commercial­e qui regroupe onze pays dans les deux hémisphère­s, et qui comprend les deux voisins des Américains, mais pas la Chine.

L’entente offrira au Canada un meilleur accès au marché japonais, ce qui sera une bonne nouvelle pour les producteur­s agricoles, forestiers et de fruits de mer, selon un responsabl­e canadien. Le Canada protégera aussi le secteur culturel grâce à des lettres d’entente juridiquem­ent contraigna­ntes avec chacun des signataire­s, a indiqué ce responsabl­e. Comme ce qui était prévu dans le PTP original, le nouvel accord prévoit que le Canada offrira un accès de 3,25 % à son secteur laitier, de 2,3% du marché des oeufs et de 2,1% de celui du poulet.

La nouvelle entente, intervenue après deux journées de négociatio­ns intensives à Tokyo, a été saluée par le ministre canadien du Commerce internatio­nal, François-Philippe Champagne. «Nous sommes heureux de confirmer que, dans nos négociatio­ns avec le Japon, nous avons obtenu des résultats importants en ce qui concerne la culture, l’améliorati­on des dispositio­ns relatives aux voitures, ainsi que la suspension de nombreuses dispositio­ns touchant la propriété intellectu­elle qui étaient source de préoccupat­ion pour les intervenan­ts canadiens», a indiqué M. Champagne dans un communiqué.

Ce Partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te (PTPGP) pourrait être paraphé au début du mois de mars par les pays membres: le Canada, le Japon, le Mexique, l’Australie, Brunei, le Chili, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

Au chapitre des pièces automobile­s, le Canada aurait réussi à arracher un accord bilatéral avec le Japon pour résoudre les barrières non tarifaires, notamment un mécanisme exécutoire de règlement des différends, selon un responsabl­e canadien. Une autre entente bilatérale aurait été conclue avec la Malaisie pour ajuster les règles d’origine, et l’on mettait la dernière main à une autre entente bilatérale avec l’Australie.

Mais pour l’Associatio­n canadienne des fabricants de pièces automobile­s, Ottawa adopte ainsi la voie diamétrale­ment opposée à celle que souhaitent prendre les États-Unis, principal client des Canadiens, au beau milieu de délicates négociatio­ns pour le renouvelle­ment de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Ce partenaria­t pourrait être paraphé au début du mois de mars

«Geste stupide»

Le président de l’associatio­n, Flavio Volpe, rappelle que Washington souhaite davantage de contenu américain dans les véhicules automobile­s, et surtout écarter les Chinois de ce marché. Or, le nouveau Partenaria­t transpacif­ique réduirait, selon lui, le «contenu local» et ouvrirait en fait la porte aux fabricants de pièces de pays, comme la Chine, qui ne font pas partie de l’alliance.

«On ne pourrait pas faire un geste aussi stupide à un moment aussi crucial», a lancé M. Volpe mardi. Il accuse le ministre Champagne de vouloir léguer à la postérité un accord à tout prix, au beau milieu de négociatio­ns beaucoup plus déterminan­tes sur l’ALENA.

Le Canada, deuxième économie en importance de cette alliance, était considéré par plusieurs comme l’empêcheur de tourner en rond dans ces négociatio­ns. Lors du sommet de la Coopératio­n économique Asie-Pacifique, en novembre au Vietnam, le premier ministre Trudeau avait refusé de signer une entente de principe sur un «PTP à 11», à la suite du retrait des États-Unis. Le Canada souhaitait plutôt en profiter pour continuer les négociatio­ns afin d’améliorer l’entente, paraphée par le précédent gouverneme­nt conservate­ur.

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