Front commun contre l’administration Plante
Les maires des villes liées à Montréal demandent l’intervention du ministre Coiteux
Furieux de se voir imposer par l’administration de Valérie Plante des hausses de 5,3% de leurs quotes-parts, les maires des quinze villes liées de Montréal demandent au ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, de revoir la gouvernance de l’agglomération.
Réunis à l’hôtel de ville de Montréal jeudi, les maires de banlieue n’ont pu empêcher l’adoption par le conseil d’agglomération du budget de l’administration de Valérie Plante. En raison de leur faible poids démographique, soit environ 13% de l’île contre 87% pour Montréal, leur vote contre le budget n’a eu aucun effet.
Après la tenue du vote, ils se sont d’ailleurs levés en bloc pour quitter la salle du conseil même s’il restait plusieurs sujets à l’ordre du jour.
Les maires en veulent à la mairesse Plante et au président de son comité exécutif, Benoit Dorais, d’avoir déposé un budget «inflationniste» qui a un impact important sur leurs propres budgets, les forçant à revoir à la dernière minute leurs prévisions pour 2018 et à hausser les taxes de leurs propres contribuables.
«Cette manoeuvre irrespectueuse nous a forcés à puiser
« Cette manoeuvre irrespectueuse nous a forcés à puiser dans nos réserves de prévoyance Beny Masella, maire de Montréal-Ouest
dans nos réserves de prévoyance, exactement comme si nos villes étaient placées devant un cas de force majeure ou une catastrophe naturelle », a signalé le maire de Montréal-Ouest, Beny Masella, à l’issue de l’assemblée.
Des mesures à définir
Les maires ont donc écrit au ministre Coiteux jeudi aprèsmidi pour lui demander de revoir de fond en comble les structures de l’agglomération qui traite des dossiers relevant de l’ensemble de l’île, comme la sécurité publique ou le service de l’eau.
Les élus demeurent cependant vagues sur les mesures qui pourraient être mises en place.
«On ne demande pas de revenir à l’époque de la CUM [Communauté urbaine de Montréal] avec un système de double majorité. On demande d’amorcer une réflexion pour trouver une façon où tout le monde pourrait sortir de là la tête haute», signale le maire de Mont-Royal, Philippe Roy. «Présentement, on a 250 000 citoyens sur l’île face une administration municipale sur laquelle ils n’ont aucune influence et qui prend les décisions pour eux. »
Les maires souhaitent notamment être impliqués dans la préparation des budgets. « Moi, j’ai appris le montant de ma quote-part dans les médias», a fait remarquer Philippe Roy.
L’administration Plante investira dans les infrastructures d’eau «comme jamais auparavant », a souligné la mairesse en rappelant que Montréal devait rattraper le retard dans l’entretien des infrastructures d’eau pour se conformer aux obligations légales décrétées par le gouvernement du Québec. Les ententes avec les policiers et les pompiers ont coûté cher à la Ville, a-t-elle aussi fait valoir.
Valérie Plante a par ailleurs reconnu l’existence de problèmes de communication. «Le processus de transmission des informations a connu des ratés inacceptables. Je m’assurerai que ça ne se reproduira plus.» Benoit Dorais a d’ailleurs promis aux maires de banlieue de les «mettre dans le coup » lors de la préparation des prochains budgets.
Le cabinet du ministre Coiteux a confirmé avoir reçu la lettre des maires. « Le ministre Martin Coiteux souhaite rencontrer les signataires prochainement afin d’entendre leurs points de vue », a indiqué par courriel son attachée de presse, Marie-Ève Pelletier.
«Les enjeux soulevés à l’égard de la gouvernance des agglomérations ne concernent pas uniquement Montréal. Il s’agit d’un dossier que l’on doit regarder avec l’ensemble des partenaires.»
Rappelons qu’au sein de l’agglomération de Longueuil, les relations ont été tendues au cours des dernières années. Brossard, Saint-Bruno-deMontarville et Saint-Lambert ont même menacé de quitter l’agglomération.