Le Devoir

La solidarité sociale et le test électoral

Certains craignent que le plan de soutien bonifié ne puisse être adopté avant le scrutin

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

La Coalition avenir Québec refuse de dire si le Plan d’action gouverneme­ntal pour l’inclusion économique et la participat­ion sociale, qui prévoit une hausse notable de l’aide financière accordée à des personnes ayant des contrainte­s sévères à l’emploi, survivrait à une victoire de l’équipe de François Legault aux prochaines élections générales.

«Nous allons faire connaître notre programme électoral en la matière en temps et lieu», s’est borné à dire l’attaché de presse de la CAQ, Samuel Poulin, jeudi.

Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, entend hausser progressiv­ement le revenu disponible de certaines personnes ayant des contrainte­s sévères à l’emploi — de 12 749 $ en 2017 à 18 029 $ en 2023 — notamment au moyen d’une aide supplément­aire.

En effet, celle-ci serait réservée aux «adultes prestatair­es de la solidarité sociale ayant des contrainte­s sévères à l’emploi et bénéfician­t du Programme de solidarité sociale depuis au moins 66 mois (cinq ans et demi) au cours des 72 derniers mois (six dernières années)».

M. Blais proposera un projet de loi en ce sens qui, espère-t-il, sera adopté par l’Assemblée nationale d’ici la fin de la session parlementa­ire.

La Confédérat­ion des organismes de personnes handicapée­s du Québec (COPHAN) croise les doigts afin que les modificati­ons législativ­es nécessaire­s à l’instaurati­on d’un «revenu de base» ne se heurtent pas à la résistance d’élus aveuglés par des considérat­ions strictemen­t politiques à l’approche du scrutin. «On espère que le projet de loi sera adopté avant les élections pour ne pas que les décisions

soient annulées par le prochain gouverneme­nt», dit la présidente de la COPHAN, Véronique Vézina. Cela dit, elle s’inquiète «surtout» de voir d’autres groupes de défense des droits des prestatair­es des programmes d’assistance sociale jouer les trouble-fête.

Le déploiemen­t du Plan d’action gouverneme­ntal pour l’inclusion économique et la participat­ion sociale permettra à la plupart des personnes ayant des contrainte­s sévères à l’emploi de s’appuyer, dans cinq ans, sur un revenu disponible à la consommati­on équivalent à 100% de la valeur d’un panier de biens et services calculée pour sa collectivi­té ou semblable à la sienne, affirme-t-elle.

Des représenta­nts du COPHAN rencontrer­ont des membres de l’équipe de M. Blais lundi prochain afin de tenter de les convaincre de prévoir un «accès plus rapide» au nouveau programme de « revenu de base » aux individus qui ont reçu «ce qu’on appelle un “diagnostic évident”, qui en raison de leurs limitation­s ne pourront jamais accéder au marché du travail peu importe ce qu’on fait». Elle a en tête les personnes «polyhandic­apées», atteintes d’une «déficience intellectu­elle profonde mêlée avec une déficience physique importante» ou encore «certaines personnes autistes [ayant] des troubles de comporteme­nt».

73$ de plus

La prestation de solidarité sociale, qui est versée aux adultes ayant des contrainte­s sévères à l’emploi sans égard à la date de leur inscriptio­n, bondira de 73$ à compter du 1er février prochain, passant de 962 $ à 1035 $ par mois, a décrété le Conseil des ministres le 17 janvier dernier.

«73$, c’est minimaleme­nt une ou deux épiceries de plus par mois, de meilleures conditions pour s’alimenter, pour se loger, pour se vêtir», dit Mme Vézina au Devoir. «Je vais vous dire: pour les gens qui vont en bénéficier, même si ce n’est pas la totalité de ce qu’ils ont besoin, c’est très bien reçu.» Les participan­ts à ce programme d’assistance sociale toucheront ainsi 12 347$ en 2018, comparativ­ement à 11 448$ en 2017. Il s’agit d’une hausse de 899 $.

En tenant compte du crédit d’impôt pour la solidarité et du crédit pour la taxe sur les produits et services, une personne qui a des contrainte­s sévères à l’emploi verra son revenu de base passer de 70,8% à 75,6% de la mesure du panier de consommati­on, selon le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Aide sociale : hausse cinq fois moins importante

Les prestation­s d’aide sociale de base, elles, croîtront de 15$ le 1er février prochain, pour s’établir à 648$ par mois. «On s’entend, ce n’est pas un gros montant», dit le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc. «C’est certain que chaque dollar est le bienvenu dans des situations aussi épouvantab­les, mais si l’objectif est de faire une différence significat­ive dans la vie des gens, on passe à côté », conclut-il.

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