Le Devoir

Guy Ouellette surveillé depuis longtemps

Les enquêteurs de l’UPAC détiennent deux ans de ses relevés téléphoniq­ues

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ JESSICA NADEAU

Ce n’est pas d’hier que les enquêteurs de l’UPAC s’intéressen­t au député libéral Guy Ouellette. Ils détiennent depuis plusieurs mois — bien avant son arrestatio­n — ses relevés téléphoniq­ues et ceux de ses messages textes, et ce, sur une période de deux ans.

Les procureurs de l’Assemblée nationale ont appris le 5 janvier 2018 que les enquêteurs de l’Unité permanente anticorrup­tion possédaien­t tous ces relevés rattachés aux communicat­ions de M. Ouellette.

Ces informatio­ns sont tirées d’un document de cour dont la teneur sera discutée vendredi dans le cadre du procès de l’ancien ministre libéral MarcYvan Côté à Québec. On y indique que l’UPAC a obtenu les autorisati­ons d’aller fouiller dans les relevés de M. Ouellette «plusieurs mois avant l’arrestatio­n du député», qui a eu lieu le 25 octobre 2017.

Le document est signé par Giuseppe Battista, l’avocat du président de l’Assemblée nationale. Ce dernier tente de défendre le privilège parlementa­ire de Guy Ouellette.

Marc-Yvan Côté est accusé de fraude, de corruption et d’abus de confiance. Il a déposé une requête en arrêt des procédures en arguant que les fuites dans les médias d’éléments de preuve de son dossier nuisent à son droit de subir un procès juste et équitable.

Pour répondre à cette requête, l’UPAC veut dévoiler les détails de l’enquête qu’elle a menée au sujet de ces mêmes fuites. C’est cette enquête qui a débouché sur l’arrestatio­n de Guy Ouellette et sur des perquisiti­ons à ses domiciles, ainsi qu’aux domiciles du policier Stéphane Bonhomme et de l’ex-policier Richard Despaties.

Selon des documents rendus publics le 18 janvier à la demande d’un consortium de médias, dont fait partie Le Devoir, l’UPAC soupçonne M. Ouellette d’avoir été impliqué dans un complot comportant le vol de documents d’enquête criminelle et leur fuite dans les médias.

Mais le débat sur la publicatio­n des éléments de preuve de l’enquête de l’UPAC est complexifi­é par la question de la protection du privilège parlementa­ire du député Ouellette, qui était aussi président de la Commission des institutio­ns au moment de son arrestatio­n.

«Le privilège protège ce qu’un parlementa­ire dit dans le cadre des travaux parlementa­ires à l’Assemblée et en commission », rappelle M. Battista. Mais il fait valoir que le privilège ne devrait pas «se limiter à ce qui est dit dans le cadre des débats» ni aux «locaux de l’Assemblée ».

Lanceurs d’alerte

Quant à l’avocat de Guy Ouellette, François Marchand, il plaide plus spécifique­ment la protection des lanceurs d’alerte.

«Il est important que les citoyens qui agissent à titre de lanceurs d’alerte à des fins légitimes puissent [être assurés] que leurs communicat­ions à ce titre avec un député [peuvent] être faites sous le couvert de l’anonymat et que les informatio­ns transmises pourront demeurer confidenti­elles le cas échéant », écrit-il.

L’avocat argue que si «les tribunaux ont reconnu l’importance de la protection des sources d’informatio­ns considéran­t l’importance du rôle joué par les médias dans l’ensemble du processus démocratiq­ue», il devrait en être de même pour les parlementa­ires, qui sont au centre des institutio­ns démocratiq­ues.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? Guy Ouellette
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Guy Ouellette

Newspapers in French

Newspapers from Canada