Juste une autre fin du monde
L’ÉPREUVE. LE REMÈDE MORTEL (V.F. MAZE RUNNER — THE DEATH CURE)
1/2 Science-fiction de Wes Ball. Avec Dylan O’Brien, Rosa Salazar, Thomas Brodie Sangster, Kaya Scodelario. États-Unis, 2018, 142 min.
La trilogie Maze Runner se conclut avec The Death Cure, et surtout après un hiatus important après un accident subi par l’acteur Dylan O’Brien lors du tournage, vedette principale de cette énième variation sur un thème postapocalyptique. La précision est importante pour comprendre les raisons de cette date de sortie si peu stratégique après le deuxième volet, en 2015. Car dans la vie des millénariaux, ici le public cible, deux années ressemblent à deux décennies, et pour la majorité du public, Maze Runner peut facilement se confondre avec Hunger Games ou Divergent.
Dans tout ce brouhaha de fin du monde, mélange de quincaillerie de haute technologie et de paysages dévastés à la Mad Max, le réalisateur Wes Ball s’en donne à coeur joie pour une troisième et dernière fois. L’ancien spécialiste en effets spéciaux a ainsi trouvé dans les romans de James Dashner matière à s’amuser, multipliant les labyrinthes dans le premier film, les effets pyrotechniques dans le second et, pour finir, une série de poursuites parmi des zombies de nouvelle génération, ou encore dans une cité interdite dernier cri.
L’intérêt — fort relatif — de Maze Runner repose sur cette idée qu’une jeunesse fringante peut à elle seule sauver le monde, d’autant plus que certains parmi eux possèdent les anticorps nécessaires pour se défendre contre un fameux virus sur le point d’éradiquer la planète entière. C’est cette course contre un antidote qui agite les méchants du film, dont une évanescente Patricia Clarkson en sarrau, et surtout une charmante traîtresse au profil scientifique d’abord dans le camp des insoumis, sorte de 99% revenu quasiment à l’âge de pierre face au 1% terré dans ses retranchements aseptisés.
Tout démarre par une folle équipée en train dont l’invraisemblance n’a rien à envier à celle vue dans The Expandables 3 — sans Wesley Snipes à l’arrivée… —, amorce de périls aussi délirants qu’affronteront ces justiciers pas tout à fait majeurs ni vaccinés: Minho (Ki Hong Lee), enchaîné dans un wagon, prochain rat de laboratoire, doit être secouru par ses compagnons d’armes et devant lesquels Thomas (Dylan O’Brien, à la limite de la crédibilité juvénile à l’approche de la trentaine…) agit en leader naturel. L’échec de leur mission les pousse jusqu’aux limites de cette forteresse assiégée où les bonzes craignent de périr à leur tour de ce virus dévastateur, et de voir leur mur se fissurer devant la colère populaire.
On pourra bien sûr y voir une métaphore politique de toutes les idées farfelues, et dangereuses, qui émanent depuis un an de la Maison-Blanche, mais Wes Ball ne pousse pas très loin l’analyse, préférant éblouir un public facilement distrait, tandis qu’un autre cherche désespérément à faire le tri entre toutes les apocalypses cinématographiques des dernières années.
Maze Runner arrive au bout de sa course, et même si l’affaire affiche une maîtrise technique acceptable et des prouesses spectaculaires (dont une impliquant un autobus, et à faire baver d’envie Sandra Bullock dans Speed), on passera sans regret à la prochaine catastrophe planétaire.