Le Devoir

L’opposition vénézuélie­nne exclue de la présidenti­elle

- MARIA ISABEL SANCHEZ à Caracas

La justice vénézuélie­nne a écarté la coalition de l’opposition de la course à la présidenti­elle prévue pour d’ici à fin avril, dégageant la voie pour la réélection de Nicolas Maduro et obligeant ses adversaire­s à se réorganise­r.

Avec cette décision surprise, tombée dans la nuit de jeudi à vendredi, la Cour suprême de justice ordonne à l’autorité électorale d’«exclure la Table de l’Unité démocratiq­ue (MUD)» du scrutin. La coalition de la MUD rassemble une trentaine de partis allant de la droite dure au centre.

Luis Emilio Rondón, le seul des cinq membres du Conseil national électoral (CNE) proche de l’opposition, a qualifié cette décision d’«aberration juridique ».

Selon lui, la MUD «était correcteme­nt inscrite auprès du CNE en tant qu’organisati­on politique». Il y a donc un «intérêt politique très clair» à sortir la coalition d’opposition du jeu. La MUD avait remporté les législativ­es de fin 2015, déclenchan­t une crise politique dans ce pays où toutes les institutio­ns étaient jusqu’alors aux mains des chavistes, du nom de l’ex-président socialiste Hugo Chávez (1999-2013).

La Cour suprême, accusée de servir le président socialiste, autorise en revanche le CNE à prolonger de six mois la période de réinscript­ion des principaux partis d’opposition, leur laissant la possibilit­é de participer au scrutin présidenti­el à titre individuel.

Deux des principaux partis d’opposition qui composent la MUD, Action Démocratiq­ue et D’abord la justice, doivent se réinscrire auprès du pouvoir électoral après avoir été exclus du scrutin présidenti­el en raison de leur boycott des municipale­s de décembre. Les deux formations ont appelé les Vénézuélie­ns à se mobiliser.

Volonté populaire, le parti de Leopoldo López, a renoncé à participer à la présidenti­elle, son leader étant assigné à résidence, accusé d’avoir encouragé des manifestat­ions antigouver­nementales en 2014 qui ont fait 43 morts.

Toute la question est désormais de savoir si l’opposition arrivera à se réunir derrière un candidat unique, où si elle affrontera le chef de l’État sortant divisée. Bien que privée de l’étendard de la MUD, l’opposition conserve néanmoins quelques cartes à jouer.

Depuis le mois de décembre, le gouverneme­nt et l’opposition négocient en République dominicain­e pour tenter de trouver une solution à la crise politique qui secoue ce pays pétrolier.

La crise politique au Venezuela s’est doublée d’une grave crise économique, déclenchan­t de violentes manifestat­ions contre le président Maduro qui ont fait 125 morts d’avril à juillet 2017. À la pénurie de médicament­s et d’aliments s’ajoute une inflation totalement hors de contrôle.

Impopulair­e, à la tête d’un pays ruiné et en proie aux sanctions internatio­nales, Nicolás Maduro avait déjà pris de court mardi l’opposition en avançant la date du scrutin, prévu pour fin 2018, et en se disant prêt à y participer.

Vendredi, le président français, Emmanuel Macron, a demandé de nouvelles sanctions européenne­s contre Caracas.

Le 18 janvier, les 28 pays de l’UE ont donné leur feu vert à de nouvelles sanctions en réponse à la répression de l’opposition au Venezuela, les premières visant des responsabl­es du gouverneme­nt de Nicola Maduro, dont le numéro deux du pouvoir et le ministre de l’Intérieur.

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