Le Devoir

L’air pollué continue de créer des occasions pour le Québec

- CAROLINE PLANTE à Shanghai

La pollution extrême de l’air en Chine continue de créer des occasions d’affaires pour le Québec.

Le premier ministre Philippe Couillard a inauguré, vendredi, les bureaux de l’entreprise Orkan, situés tout près de l’aéroport de Shanghai. Il s’agissait de la dernière journée de sa mission d’une semaine en Chine, qui l’a également amené à Pékin et à Hangzhou.

Si le ciel de Pékin était passableme­nt dégagé en raison de fermetures récentes d’usines, un brouillard de particules enveloppai­t toujours les deux autres grandes villes lors du passage de la délégation québécoise. La plupart des piétons croisés dans les rues portaient un masque chirurgica­l pour se protéger.

En 2014, lors de sa première mission dans l’empire du Milieu, M. Couillard avait visité l’usine de Prestolite, une filiale d’Hydro-Québec qui produit des moteurs pour des autobus électrique­s et des camions. Depuis, la Chine continue de recourir à l’expertise québécoise en matière de technologi­es vertes pour lutter contre la pollution atmosphéri­que, a-til affirmé lors d’un discours devant un parterre d’invités d’honneur venus assister à l’inaugurati­on d’Orkan.

L’entreprise, mieux connue au Québec sous le nom d’Épurair, fabrique et installe des purificate­urs d’air. Équiper une maison chinoise d’un purificate­ur d’air coûte entre 2000 et 3000$, selon la direction, une dépense que les Chinois acceptent maintenant de faire sans trop y penser. « Un parent chinois qui voit son enfant tousser toute la nuit, avoir des problèmes de respiratio­n, un peu comme n’importe quel parent sur la planète, va tout faire pour lui donner le bon air et ne veut pas jouer avec ça», a affirmé le vice-président, développem­ent des affaires d’Orkan, Simon Labrecque.

L’équipe dit avoir des projets en cours dans les écoles et les hôpitaux de Chine. La demande pour ses purificate­urs d’air provient aussi des promoteurs immobilier­s.

Selon les données d’Orkan, le niveau de pollution en Chine a doublé depuis dix ans, et deux fois plus d’enfants souffrent d’asthme et d’allergies en Chine qu’en Amérique du Nord. Mais les données restent parcellair­es. Selon M. Labrecque, le gouverneme­nt chinois contrôle l’informatio­n et interdit à quiconque possédant un détecteur de révéler un niveau de pollution supérieur à 500. À titre comparatif, une alerte de smog au Québec est déclenchée lorsque la pollution atmosphéri­que atteint 60.

Le potentiel en Chine pour une entreprise comme Orkan est «gigantesqu­e», estime pour sa part le premier ministre Couillard. «Une classe moyenne qui grandit, qui naît, a toutes sortes de besoins, dont ceux associés à la santé: eau, air, qualité de vie, etc.», a-t-il dit, en promettant d’assurer le «suivi» auprès des entreprise­s québécoise­s installées en Chine.

Vendredi matin, M. Couillard a participé à une table ronde sur la constructi­on et les technologi­es vertes, avant d’aller faire un saut de puce dans un centre d’achats de Shanghai qui présentait un «festival de produits québécois». Il a alors blagué devant les convives qu’il prenait un premier engagement cette année: celui de revenir en Chine pour faire goûter aux Chinois la tourtière du Lac-Saint-Jean.

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JOHANNES EISELE AGENCE FRANCE-PRESSE Une femme portant un masque pour se protéger, à Shanghai. Selon les données d’Orkan, le niveau de pollution en Chine a doublé depuis dix ans.

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