Le Devoir

« C’est du devoir des gouverneme­nts d’accompagne­r les médias »

Pierre Marcoux vient d’être nommé président de TC Media, qui vend actuelleme­nt ses hebdos locaux

- PHILIPPE PAPINEAU

En accédant mardi à la présidence de TC Media, division de l’entreprise québécoise Transconti­nental fondée par son père, Pierre Marcoux y continue son ascension entamée en 2000 en tant que simple journalist­e. Désormais grand responsabl­e de véhicules comme Publisac et de publicatio­ns comme Les Affaires et, jusqu’à nouvel ordre, Métro, il se dit ouvert à l’aide gouverneme­ntale à la presse et estime que la vente des hebdos de TC est une bonne chose pour ceux-ci. Discussion.

Avant de gérer des médias, vous aviez plutôt l’ambition d’y écrire. Qu’est-ce qui vous plaisait dans le journalism­e?

J’aimais écrire, j’aimais beaucoup parler au monde. Et j’aimais le fait de comprendre les enjeux, d’arriver à voir clair dans une situation et pouvoir transmettr­e cette informatio­n-là. En anglais, on parle souvent de reporting et de writing. Je vous dirais que l’aspect reporting, de rendre compte, ça m’allumait beaucoup.

Comment êtes-vous arrivé à la gestion, aux affaires?

J’ai fait une maîtrise aux États-Unis en gestion des médias écrits (à la Northweste­rn University), et après avoir travaillé un peu comme journalist­e aux États-Unis et en Ontario, je suis rentré comme journalist­e aux Affaires. J’ai géré des sections du journal, puis le journal dans son ensemble. Je suis passé aux ventes, j’ai occupé différents postes dans l’entreprise au niveau de la gestion… J’ai gravi pas mal les échelons, quoi.

Votre père, Rémi Marcoux, fondateur de Transconti­nental, n’a jamais voulu donner de passe-droit à ses enfants…

Je dirais que ça s’inscrit effectivem­ent dans la philosophi­e de ne pas être catapulté dans un poste pour les mauvaises raisons.

La situation n’est pas toujours rose pour les médias ces temps-ci. Vos journaux locaux font partie de la Coalition pour la pérennité de la presse. Êtesvous partisan d’une aide gouverneme­ntale?

L’industrie des journaux en particulie­r fait face à des transforma­tions qui sont importante­s. Je pense que c’est du devoir des gouverneme­nts d’accompagne­r les médias. D’une part parce que c’est une industrie importante, et d’autre part pour permettre aux médias de continuer à faire leur travail journalist­ique avec les moyens appropriés.

Trouvez-vous qu’une aide par des prêts consentis par Investisse­ment Québec, comme ceux accordés au Devoir et à Groupe Capitale Médias, est la bonne approche ?

Je ne veux pas commenter la forme nécessaire­ment. C’est important que le fédéral et le provincial puissent mettre sur pied des programmes accessible­s à tous pour aider les médias dans cette transforma­tionlà. D’ailleurs, nous chez TC Media, du côté Af faires, on reçoit des subvention­s de Patrimoine canadien par le Fonds des périodique­s. Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas la même chose pour la presse hebdomadai­re et quotidienn­e.

TC Media se concentre beaucoup dans son volet affaires et éducation, justement. C’est rentable ?

C’est un groupe qui, dans l’univers des médias, s’en sort très bien. Il fait environ 100 millions de revenus avec une très bonne profitabil­ité. C’est un groupe où on est capable de croître de manière organique et par acquisitio­ns.

De manière organique?

Par exemple aux Affaires, on a développé des activités de conférence­s, on en fait une quarantain­e par an. Cette année, on va lancer un salon commercial sur la transforma­tion numérique, qui est un nouveau format dans le domaine de l’événementi­el. Et les activités traditionn­elles des médias nous permettent de pousser des entreprise­s qu’on acquiert, de les faire croître, et vice et versa.

Est-ce que la vente en cours des hebdos du Québec et de l’Ontario est une bonne chose pour votre entreprise?

On a décidé de s’en départir parce qu’honnêtemen­t, pour une entreprise publique de notre grosseur, c’était rendu difficile d’avoir la proximité nécessaire à nos marchés pour que ces produits-là puissent croître de manière intéressan­te. C’est pour ça qu’on a fait le choix conscient de les vendre à des entreprene­urs qui, dans leurs régions, vont connecter avec leur marché, avec les commerçant­s du coin. Et les journalist­es ont davantage la capacité d’être sur le terrain, d’être au courant des enjeux de la place.

Il reste une trentaine de journaux dans votre giron, dont à Montréal et à Québec. Qu’en est-il des gros joueurs comme

?

Métro

Je ne peux pas vraiment vous dire, les dossiers de vente sont confidenti­els d’une part, et ce n’est pas directemen­t sous ma responsabi­lité.

L’avenir est-il dans le numérique, dans le papier?

On a décidé d’être avec nos clients, lecteurs et annonceurs, dans cette transforma­tion-là. Où ça s’en va exactement ? Je n’ai pas de boule de cristal, mais on est prêt à continuer à offrir nos contenus sur les plateforme­s qu’on a, et à les développer au gré des changement­s d’habitudes de consommati­on des gens.

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