Soigner en musique
Un programme de musicothérapie est offert au Centre universitaire de santé McGill depuis plus de 20 ans. Cette semaine, l’établissement allait encore plus loin en inaugurant un studio de musicothérapie à l’Hôpital général de Montréal.
« Le studio est un local calme où on n’entend pas les portes claquer et les gens parler à côté. Les murs ont subi un traitement acoustique qui absorbe les réverbérations. Ce sera donc un environnement plus adéquat pour enregistrer les créations musicales réalisées avec les patients et pour faire de la thérapie réceptive », affirme Dany Bouchard, musicothérapeute de la Mission en santé mentale.
La thérapie réceptive consiste à faire un montage sonore avec le patient. «On choisit ensemble les musiques qu’il aime, les instruments qu’il préfère, les morceaux qui le détendent et d’autres qui le stimulent. Ensuite, on fait ensemble un montage personnalisé dont il peut se servir pour se détendre ou se stimuler, selon ses besoins», explique le musicothérapeute.
Dany Bouchard préfère toutefois exploiter la créativité de ses patients en faisant de l’improvisation musicale ou en composant des chansons avec eux. «La composition est un travail d’introspection qui a un effet thérapeutique. Quand on se lance dans la création, les gens s’investissent beaucoup plus. C’est là qu’ils racontent leur vie, leur histoire, c’est là que je vois de gros changements», dit-il.
Lors d’une séance de musicothérapie, son premier but est d’obtenir une belle dynamique de groupe, « parce qu’en psychiatrie, la majorité des patients ont tendance à s’isoler, et ensuite, à procurer un sentiment de plaisir à ces patients qui vivent de longues semaines à l’hôpital».
« Jouer de la musique, comme des percussions pratiquées en cercle, est très recentrant, car nous n’avons d’autre choix que d’être là dans le moment présent pour suivre le tempo et le rythme. Le volume et le rythme rapide des percussions permettent de ventiler et ainsi d’atténuer l’anxiété, ainsi que de travailler les habiletés sociales », indique le musicothérapeute.
Dany Bouchard anime aussi une chorale, le Groupe MusiArt, qui existe depuis 20 ans. Chanter fait toujours du bien, rappelle-t-il, en soulignant que de nombreuses études ont montré que le chant a des effets bénéfiques sur l’humeur, sur l’estime de soi et sur les habiletés sociales.
«Souvent, les patients vont utiliser la chorale comme tremplin, comme une transition avant de retourner à une vie normale, précise-t-il. Je ne prétends pas guérir qui que ce soit. Mais on améliore la qualité de vie des patients.»