Un rêve contre la fin du monde
S’inspirant de Jules Verne, Jean-Michel Riou décrit une humanité qui se solidarise
La communauté internationale scientifique est unanime: l’humanité va disparaître dans 31 ans. Un astéroïde, nommé Wildcat — le Fauve —, va, en heurtant la Terre de plein fouet, produire un cataclysme et éradiquer toute forme de vie. Craignant la panique qu’une telle nouvelle pourrait provoquer, les scientifiques signent un serment de confidentialité. Rien ne laisse alors présager que les jours sur Terre sont comptés: «La Terre tournait, la nuit chassait le jour, le monde faisait de même, l’actualité démodait l’actualité. »
Tout bascule lorsque, par négligence, le secret est dévoilé à Pierre Lefranc, journaliste qui, inflexible dans son désir de partager la vérité, publie la nouvelle. Son article marque le début d’une croisade.
Lui et ses alliés, George Earle Buckle, rédacteur en chef d’un important quotidien de Londres, et Elizabeth Storm, jeune scientifique, imaginent deux façons d’éviter la catastrophe : creuser d’immenses galeries souterraines pour y trouver refuge et, en ultime recours, créer des canons dont la détonation serait si puissante qu’elle pourrait sortir la Terre de son axe et ainsi lui éviter le choc avec Wildcat.
La résistance s’organise. Par-delà les impératifs financiers, les frontières et la barrière des langues, les collectivités font front commun contre cet ennemi qui menace leur survie. Pour orchestrer le mouvement, on crée une organisation, l’Entreprise pacifique, menée par Edward Pearson. Sous sa férule, les avancées technologiques et sociales sont immenses, mais Lefranc le soupçonne de manigancer un refuge avantageux pour les plus nantis et les deux hommes se livrent un duel qui multiplie les surprises. Le temps est compté, mais l’histoire, elle, ne fait que commencer.
Fortement inspirée de l’oeuvre de Jules Verne, la proposition de JeanMichel Riou donne une réponse inspirante au futur apocalyptique qu’annoncent les changements climatiques, si on n’agit pas.
Ainsi, 10 000 jours pour l’humanité s’inscrit dans la foulée du film Demain, qui soulignait l’importance de créer de nouveaux récits pour imaginer un avenir habitable. Le roman a néanmoins quelques failles. Très juste dans son analyse des grandes dynamiques sociales, les relations intimes qui lient les personnages tombent quant à elles dans les clichés. Le récit souffre aussi de répétitions qui alourdissent le rythme des péripéties, nombreuses.
Riou verse parfois dans l’utopie. Et même s’il adresse quelques reproches à notre société, il nous rappelle surtout à son courage, à sa créativité et à sa résilience, nous armant d’un optimisme essentiel devant le combat à mener. «L’avenir n’échappera au pire que si nous décidons de nous sauver de nous-mêmes en trouvant en chacun de nous le meilleur de l’homme. Cela s’apparente à une révolution, et il la faut», écrit-il