Une sorcière pas comme les autres
Née dans une famille juive ukrainienne, arrivée au Brésil à l’âge de deux ans, Clarice Lispector (19201977) est aujourd’hui reconnue comme l’un des écrivains les plus importants du Brésil au XXe siècle — sexes et genres confondus. Journaliste de renom, auteure d’une dizaine de romans, dont La passion selon
G.H. et Le bâtisseur de ruines, elle a vécu durant une quinzaine d’années à l’étranger avec son mari diplomate.
La publication de l’intégralité de ses nouvelles, longtemps disséminées à travers plusieurs recueils (et auxquelles viennent s’ajouter une dizaine de textes inédits en français), marque en quelque sorte l’événement.
Depuis sa première publication à 19 ans, jusqu’à un texte inachevé paru de façon posthume, ce sont 85 textes dans lesquels la Brésilienne, que son biographe américain Benjamin Moser décrit comme « un Tchekhov au féminin sur les plages de Guanabara», partage sa vision singulière du monde et de la littérature.
Sans être autobiographiques, ni former la meilleure partie de son oeuvre, ces textes composent le récit d’une vie de femme à travers ses âges.
Méditatives ou mystiques, tendues entre aléas de la vie domestique et tyrannies de l’acte créateur, ses nouvelles sont aussi autant de tentatives de saisir toute l’étrangeté du monde. Mais toujours avec un mélange d’orgueil et de liberté, comme dans Pour
pardonner à Dieu : «Tant que j’invente Dieu, Il n’existe pas. »
Méditatives ou mystiques, tendues entre aléas de la vie domestique et tyrannies de l’acte créateur, ces nouvelles sont aussi autant de tentatives de saisir toute l’étrangeté du monde