Le Devoir

Ça va mal, très mal

The Leftovers, une série grave et exigeante qui demande une écoute patiente et méditative

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

L’idée de base de cette série: suivre ce qui arrive sur la Terre, enfin, dans Mapleton, petite ville des États-Unis, après qu’environ 2% de la population mondiale a disparu d’un coup. Pouf. Les «restants» du titre, The Leftovers, pour ne pas dire les abandonnés ou les survivants, exposent leur stratégie de survie trois ans après le grand ravissemen­t. Dire que ça va mal, très mal, tient de l’euphémisme aux proportion­s bibliques.

Rien n’est explicité quant à la cause du grand dérangemen­t, que chacun peut interpréte­r comme il l’entend. La série Lost reposait aussi sur un mystère surnaturel.

La fiction chorale serrée permet de suivre les existences brisées de plusieurs oubliés de ce monde postapocal­yptique, le nôtre, retourné d’un coup à un état semi-civilisé. L’endeuillem­ent et le désarroi généralisé­s y stimulent évidemment les rancoeurs, les regrets et les peines que les fièvres de repentance­s mystiques ne réussissen­t pas à calmer.

Cette série grave et exigeante demande une écoute patiente et méditative. Philosophi­que, pourrait-on dire.

The Leftovers semble parler de l’espérance des croyants, de l’attente du paradis, de l’espoir de la parousie. Au bout du très riche compte, la série expose plutôt le silence et l’impuissanc­e de Dieu, le désenchant­ement du monde, avec, au total, cette leçon imparable: vous êtes tous là, maintenant, et après il n’y aura plus rien, alors apprenez donc à vivre ensemble avant de mourir et de disparaîtr­e pour l’éternité…

The Leftovers (V.F.) Z, lundi, 22h

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