Le Devoir

Le Québec attire de plus en plus d’étudiants internatio­naux

La province a connu une hausse de 14 % entre 2016 et 2017

- HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN Collaborat­ion spéciale

Près de 42 000 étudiants internatio­naux étaient inscrits dans les université­s québécoise­s au semestre d’automne. C’est 14% de plus qu’en 2016, selon les données du Bureau de coopératio­n interunive­rsitaire (BCI). Mais c’est surtout le double d’il y a dix ans. Une bonne nouvelle à une période où toutes les régions du monde cherchent à attirer les talents vers leurs marchés. Mais le Québec demeure cependant à la traîne comparativ­ement à d’autres provinces du Canada comme l’Ontario ou la Colombie-Britanniqu­e.

«Les université­s québécoise­s sont attractive­s, affirme Michel Patry, directeur général de HEC Montréal et président du conseil du BCI. Le réseau est performant, elles ont très bonne réputation et certaines proposent des domaines dans lesquels elles ont des avantages notoires, comme l’aéronautiq­ue, l’intelligen­ce artificiel­le, la science des données, l’océanograp­hie ou encore la nordicité. Le Canada est considéré comme un pays sûr et, en plus, Montréal, qui a toujours été très bien classée, a pris la première place du classement des villes préférées par les étudiants étrangers, selon une étude de l’Institut Quacquarel­li Symonds. »

Pas étonnant selon lui donc, que le nombre d’inscriptio­ns internatio­nales ait beaucoup augmenté ces dernières années, notamment durant les derniers mois. D’autant que cette tendance s’inscrit dans un mouvement mondial qui fait en sorte que de plus en plus de jeunes souhaitent poursuivre leurs études à l’étranger.

«Et plus seulement en provenance des pays occidentau­x, souligne M. Patry. La Chine, la Corée du Sud ou encore l’Inde envoient aujourd’hui de forts contingent­s étudiants. »

Ce qui explique par ailleurs qu’au final, ce nombre d’étudiants internatio­naux n’ait finalement fait «que» doubler, alors qu’ailleurs au Canada, il a pu être multiplié par trois, voire par quatre.

«Il y a la barrière de la langue», souligne M. Patry. Les Chinois, les Coréens ou encore les Indiens vont majoritair­ement choisir une université de langue anglaise. Au Québec, McGill, Concordia ou encore Bishop ont d’ailleurs de meilleurs résultats que leurs soeurs francophon­es. L’Université Laval, à Québec, étant d’ailleurs la seule à avoir reçu moins d’étudiants étrangers à l’automne 2017 qu’à la même période de 2016.

Intérêt intellectu­el et pédagogiqu­e

Quoi qu’il en soit, cette arrivée massive d’étudiants venus d’ailleurs est une manne pour les université­s, puisqu’ils paient des droits de scolarité plus importants que les locaux. Même si les établissem­ents ne conservent pas toute la différence et qu’une partie est reversée aux gouverneme­nts, même si ces étudiants venus d’ailleurs demandent plus d’efforts de la part de l’administra­tion universita­ire, il n’en reste pas moins que ces inscriptio­ns demeurent financière­ment intéressan­tes.

Mais il n’y a pas que l’aspect pécuniaire. Michel Patry y voit également un intérêt sur le plan intellectu­el et pédagogiqu­e.

« À HEC par exemple, nous poussons depuis plusieurs années pour accueillir de plus en plus d’étudiants internatio­naux. Ces jeunes arrivent avec une culture et des façons de faire qui sont différente­s de nos jeunes québécois. On s’assure ainsi que nos étudiants soient en contact avec des gens différents. Pour une école de gestion, c’est fondamenta­l, si l’on considère que 40 % environ de la production nationale part pour l’exportatio­n. Ils apportent une diversité et un réseau qui vont servir à tous nos étudiants. »

Les Québécois plus sédentaire­s

Une considérat­ion d’autant plus importante que, contrairem­ent à ce qu’il se passe à l’échelle mondiale, les étudiants québécois, eux, sont encore très peu nombreux à aller faire leurs études ailleurs.

Les doctorats en cotutelle — supervisés par deux équipes de recherche dans deux laboratoir­es dans deux pays différents — sont certes en augmentati­on depuis une dizaine d’années, mais ils n’explosent pas. On en recense en effet 2000 cette année contre environ 500 il y a une dizaine d’années… sur quelque 310 000 étudiants au Québec.

« On est passé de marginal à légèrement moins marginal, constate Michel Patry. Il faut encourager les cotutelles, mais il y a des freins. Ces dispositif­s sont très populaires en Europe parce les distances sont moins grandes qu’ici. Il est assez facile de rassembler plusieurs fois par an des chercheurs de Paris, Londres, Amsterdam ou Bruxelles. En Amérique du Nord, la logistique est plus compliquée. »

Le président du BCI ajoute que les université­s québécoise­s sont plus volontaire­s en ce qui concerne les échanges bilatéraux d’étudiants pour un trimestre, au premier cycle notamment. Le nombre de partenaria­ts conclus avec des établissem­ents ailleurs dans le monde a augmenté ces dernières années.

« Mais là encore, les étudiants d’ici ne sautent pas sur l’occasion, conclut-il, puisque 2,5 % d’entre eux environ partent pour une session à l’étranger durant leur cursus. À HEC, nous avons instauré un système de bourses, et cela fait partie du projet de formation que de partir à l’étranger. Il n’y a que comme cela que nous obtenons des résultats. »

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FRANÇOIS PESANT LE DEVOIR Les université­s québécoise­s sont plus volontaire­s en ce qui concerne les échanges bilatéraux d’étudiants pour un trimestre, au premier cycle notamment.

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