Le Devoir

Former les gestionnai­res de la francophon­ie

- HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN

L’Université de Montréal fait une propositio­n aux 65 000 étudiants français recalés du tirage au sort, système mis en place l’an dernier dans l’Hexagone pour pallier le manque de places dans les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur.

Le système universita­ire français est à bien des égards très différent de ce qui se pratique ici. Jusque-là, il suffisait d’obtenir son diplôme d’enseigneme­nt secondaire — appelé baccalauré­at et sanctionna­nt douze années d’école — pour obtenir automatiqu­ement son billet pour l’université, dans la discipline de son choix. Un système que le précédent gouverneme­nt de François Hollande avait remis en cause, du fait tant du boom démographi­que étudiant que du taux d’échec en licence — le baccalauré­at nord-américain. Sa solution? Le tirage au sort, qui aura fait en sorte que, l’été dernier, 65 000 bacheliers français se sont retrouvés sans af fectation.

Une situation que l’Université de Montréal a vite souhaité tourner à son avantage, lançant, dès le 7 septembre, une campagne sur son site Internet intitulée «Et si vous veniez à Montréal cet hiver… »

«Nous avions déjà des relations fortes avec la France, mais nous avons vu là une occasion de gagner encore en notoriété, explique Geneviève O’Meara, conseillèr­e principale au bureau des communicat­ions de l’UdeM. Nous avons lancé la campagne sur notre page Web et sur nos réseaux sociaux, et la réponse a été instantané­e et forte.»

Plus de 39% d’achalandag­e entre 7 septembre et le 2 novembre en provenance d’internaute­s en France, souligne Mme O’Meara, qui ajoute que ses collègues du recrutemen­t ont été très occupés durant tout l’automne pour répondre aux demandes d’informatio­ns.

Les questions portaient principale­ment sur les programmes et les préalables pour y accéder. Des questions techniques ou logistique­s. Sur les équivalenc­es également.

« Nous insistions sur le fait qu’il était possible de commencer dès le trimestre d’hiver, note la conseillèr­e en communicat­ions. Alors qu’en France, ce n’est pas une option possible. L’année universita­ire démarre à l’automne. Les délais étaient courts, mais c’était possible. »

Lien naturel avec la France

Résultat, l’Université de Montréal accueille cet hiver 12% plus d’étudiants français qu’à la même période l’an dernier. Et il ne s’agit pas là d’étudiants recalés en France à cause de leur trop faible niveau, mais bien de candidats talentueux, ayant fait les frais du tirage au sort et répondant aux mêmes standards que n’importe quel autre étudiant sélectionn­é par l’UdeM.

Décrié par tous, ce tirage au sort à l’entrée à l’université vient d’être aboli en France et remplacé par une sélection en fonction de préalables. Une situation qui change la donne puisque, de fait, à partir de la rentrée prochaine, les meilleurs éléments ne devraient plus se retrouver sur le carreau. L’UdeM renouvelle­ra-t-elle alors sa campagne de séduction ?

«Il est trop tôt pour le dire, répond Geneviève O’Meara. Notre équipe de recrutemen­t se penche là-dessus. Quoi qu’il en soit, nous demeurons à l’affût de ce qui se passe en France du fait de nos relations fortes. Si le nombre de nos étudiants français avait baissé lorsque les droits de scolarité ont augmenté pour eux il y a trois ans, nous sommes en train de retrouver nos chiffres d’avant la réforme, et la tendance semble se maintenir pour le prochain trimestre. Les étudiants français sont à la recherche d’une expérience universita­ire nord-américaine. Et du fait de la langue française, il y a un lien naturel. »

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