Un grande chance, malgré un manque de soutien
Les deux derniers lauréats de l’Acfas reviennent sur leur expérience
Chaque année, l’Association pour le savoir francophone (Acfas) récompense deux étudiants en cotutelle entre le Québec et la France. Portrait croisé des derniers lauréats.
Jean-Sébastien Boisvert est Québécois. Il est aujourd’hui étudiant en postdoctorat à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) après avoir préparé son doctorat en physique à cheval entre Perpignan, dans le sud de la France, et l’Université de Montréal.
Kevin Cazelles est quant à lui Français. Il poursuit ses études au Département de biologie de l’Université de Guelph, en Ontario, après plusieurs années à faire la navette entre Montpellier, en France, et Rimouski, pour les besoins de sa thèse en biogéographie.
Leur point commun ? Avoir reçu l’an dernier le prix de la relève dans la catégorie cotutelle, remis par l’Acfas et parrainé par le Consulat de France à Québec et le ministère des Relations internationales.
Si M. Boisvert affirme aujourd’hui qu’il retenterait l’expérience, sans l’ombre d’un doute, il avoue ne pas avoir sauté de joie lorsque l’aventure lui a été proposée.
«Je n’ai pas cherché à bouger, admet-il. Mon doctorat était en cotutelle, je n’ai donc pas eu le choix. Sur le plan de mes recherches, ç’a été une grande chance parce que j’ai pu travailler avec des équipes qui avaient des expertises complémentaires dans mon domaine, le plasma. Deux manières différentes de travailler et d’approcher les problèmes également. J’ai aussi eu l’occasion de voyager en Europe pour assister à des conférences. Mais en matière d’organisation et de paperasse, ç’a été très lourd et je regrette de ne pas avoir été plus soutenu par mon université. »
Gagnant sur un CV
Même son de cloche de la part de Kevin Cazelles. Alors qu’il est étudiant à Montpellier, c’est son professeur, qui a des relations avec un confrère à Rimouski, qui lui a d’abord proposé de venir faire un stage, puis de se lancer dans une thèse en cotutelle.
«Je ne l’avais pas envisagé, mais j’ai tout de suite dit oui, raconte-t-il. C’est une grande chance que de pouvoir tirer profit de deux laboratoires, de deux façons de faire et d’envisager la recherche. Et puis, ça élargit notre réseau. C’est ce qui m’a permis de continuer sur un postdoctorat en Ontario. Dans un CV, le fait d’avoir cette double expérience, c’est gagnant. »
Ce qui ne l’empêche pas de regretter le peu d’encadrement administratif dont il a bénéficié. « Les cotutelles ne sont pas spécifiquement prises en charge comme le sont les autres étudiants internationaux, souligne-t-il. Il faut tout gérer par soi-même, trouver un logement par exemple. Heureusement que j’avais déjà fait mon stage à Rimouski et que je connaissais un peu la ville et l’université. Je n’essuyais pas les plâtres non plus parce qu’il y avait déjà eu une cotutelle entre mes deux laboratoires. Mais je me suis souvent senti laissé à moi-même. »