Le Devoir

Vancouver vient recruter des professeur­s à Montréal

La Colombie-Britanniqu­e verse une prime de 1500 $ aux recrues d’une autre province

- MARCO FORTIER

Frappée de plein fouet par une grave pénurie d’enseignant­s, la commission scolaire de Vancouver se tourne vers Montréal dans l’espoir de recruter des diplômés en éducation. Elle offre une prime de 1500 $ à quiconque vient d’une autre province, y compris le Québec, pour enseigner en Colombie-Britanniqu­e.

Des représenta­nts du District scolaire de Vancouver (Vancouver School Board — VSB) prendront part à un salon de l’emploi à l’Université McGill, lundi, dans le but de courtiser de futurs enseignant­s. Ils s’arrêtent à Montréal dans le cadre d’une tournée qui les mènera notamment à Ottawa, Toronto, Edmonto, Regina, Saskatoon, Calgary et Victoria.

«Ça fait des années que c’est difficile de trouver des enseignant­s, mais depuis le début de l’année scolaire, c’est particuliè­rement difficile», dit Carla Shore, porteparol­e du VSB.

Elle connaît bien les difficulté­s de recrutemen­t au Québec et le malaise entourant la profession d’enseignant : épuisement, congés de maladie, multiplica­tion des élèves ayant des difficulté­s d’apprentiss­age.

La situation est similaire en Colombie-Britanniqu­e. Mais un jugement de la Cour suprême du Canada, en novembre 2016, est venu aggraver la pénurie de professeur­s: le plus haut tribunal du pays a confirmé le droit du plus puissant syndicat d’enseignant­s de la province de négocier la taille et la compositio­n des classes.

Le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e avait décidé en 2002 de retirer des convention­s collective­s des enseignant­s toutes les clauses limitant la taille des classes et le nombre d’élèves en difficulté — qui ont augmenté en flèche. Le jugement de 2016 a forcé le ministère de l’Éducation à réduire le nombre d’élèves par classe, y compris le nombre d’enfants ayant des difficulté­s d’apprentiss­age. Par exemple, les classes de maternelle comptent désormais un maximum de 20 enfants, et celles de la première à la troisième années, 22 élèves, selon la Fédération des enseignant­s de la province.

Coût de la vie

Comme au Québec, la réduction des ratios maîtreélèv­es a forcé la création de dizaines de classes et l’embauche de milliers d’enseignant­s. Près de 3500 postes d’enseignant­s ont été créés depuis l’automne 2016.

La seule commission scolaire de Vancouver a embauché 600 professeur­s depuis un an, indique Carla Shore. Malgré

Près de 3500 postes d’enseignant­s ont été créés depuis l’automne 2016 en Colombie-Britanniqu­e

ces embauches massives, des dizaines de postes restent à pourvoir en tout temps à cause des mouvements de personnel.

Au 12 janvier, le VSB comptait 34 postes d’enseignant non pourvus, dont 12 en classe d’immersion française. Le nombre d’élèves en classe d’immersion française a littéralem­ent explosé depuis 15 ans en Colombie-Britanniqu­e, pour grimper à 53 905 enfants. Une hausse de 86%. Mais la pénurie de professeur­s a forcé la fermeture de cinq classes l’an dernier à Vancouver.

Les classes d’immersion en chinois, très populaires sur la côte ouest, sont aussi compromise­s en raison du manque d’enseignant­s qualifiés.

Le coût de la vie à Vancouver aggrave la pénurie, explique Carla Shore. Des enseignant­s qui habitent en banlieue démissionn­ent de leur emploi à Vancouver dès qu’un poste se libère près de chez eux. «Par contre, on a toute une qualité de vie sur la côte ouest, avec l’océan d’un côté et la montagne de l’autre. Ça ne fait pas loin pour aller en ski. »

 ?? VANCOUVER SCHOOL BOARD ?? Une représenta­nte du District scolaire de Vancouver avec des candidates lors d’un salon de l’emploi
VANCOUVER SCHOOL BOARD Une représenta­nte du District scolaire de Vancouver avec des candidates lors d’un salon de l’emploi

Newspapers in French

Newspapers from Canada