Le Devoir

Le ciel sans partage

- Améli Pineda

Plusieurs participan­ts au Sommet sur le transport aérien régional ont accusé Air Canada de détenir un monopole et d’imposer des tarifs qualifiés d’ «abusifs». Éclairage sur la situation avec deux experts.

Qu’est-ce qui explique qu’Air Canada détient un monopole sur le transport aérien régional?

« D’abord, Air Canada est la plus grande compagnie aérienne nationale. C’est elle qui détient les plus grandes parts de marché au Québec. Elle a les reins solides et est capable de s’engager dans une guerre dès qu’un autre joueur arrive », explique Isabelle Dostaler, doyenne de la Faculté d’administra­tion à l’Université Memorial de Saint-Jean, à Terre-Neuve.

Pourtant, rien n’empêche un transporte­ur d’offrir le service dans les mêmes corridors aériens.

«Si un transporte­ur a les capitaux nécessaire­s, il peut se lancer, mais Air Canada peut radicaleme­nt baisser ses prix pour lui nuire. Air Canada ne dépend pas que des revenus de ses vols aériens régionaux, elle compte sur une diversité de revenus que tous n’ont pas», souligne Mehran Ebrahimi, directeur du Groupe d’étude en management des entreprise­s aéronautiq­ues de l’UQAM.

Un billet Montréal-Gaspé coûte souvent plus cher qu’un aller-retour Montréal-Paris, pourquoi?

«C’est un problème structurel. Il n’y a pas de densité de population, donc le volume de demandes est faible. Mais d’un autre côté, les gens des régions expliquent que, si les billets étaient moins chers, ils voudraient utiliser plus souvent le transport aérien», indique Mme Dostaler.

«Par contre, il faut faire attention lorsqu’on dit que les billets sont trop chers. Ils ne pourront jamais être gratuits. Ce qui ressort de consultati­ons, c’est que les gens seraient prêts à payer environ 450 à 500$ un billet d’avion Montréal-Gaspé, par exemple. Les gens tiennent compte du fait que non seulement le transport aérien permet d’économiser des heures de route, mais il procure aussi un gain de productivi­té, parce qu’on peut travailler pendant un vol, ce qui est plus difficile dans un trajet en automobile », mentionne Mme Dostaler.

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