Le Devoir

Ottawa s’engage à protéger le chevalier cuivré

- ALEXANDRE SHIELDS

Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, s’engage à activer les mesures de protection de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, ce qui signifie qu’il sera interdit d’en détruire ne serait-ce qu’une partie. Or, le projet d’expansion du Port de Montréal détruirait des portions de cet habitat critique pour la survie de l’espèce.

En vertu des dispositio­ns de la Loi sur les espèces en péril, le gouverneme­nt fédéral aurait dû prendre un arrêté ministérie­l dès la fin de 2012 pour protéger l’habitat essentiel du chevalier cuivré.

Ottawa, qui a plus de cinq ans de retard, promet maintenant d’agir. «Le ministère est en voie d’établir un arrêté visant l’habitat essentiel pour cette espèce», a indiqué Pêches et Océans Canada, en réponse aux questions du Devoir. «Un tel arrêté permettra d’activer l’interdicti­on […] de détruire toute partie de l’habitat essentiel du chevalier cuivré », a précisé le ministère.

Qui plus est, des mesures de protection des poissons sont déjà en vigueur, en vertu de la Loi sur les espèces en péril. «L’article 32 interdit de tuer un individu d’une espèce en voie de disparitio­n ou de lui nuire», a ainsi souligné le ministère. Selon les dispositio­ns de la Loi sur les pêches, il est en outre «interdit d’effectuer un travail ou d’entreprend­re une activité, qui aurait pour résultat de nuire sérieuseme­nt au poisson, et aussi de modifier de façon permanente ou de détruire l’habitat du poisson ».

Pêches et Océans a aussi confirmé que le futur terminal de conteneurs de Contrecoeu­r serait bel et bien construit dans l’habitat critique du chevalier cuivré, une espèce classée «en voie de disparitio­n».

Concrèteme­nt, les nouveaux quais de 675 mètres de longueur qui seront construits pour le terminal auront un impact sur des herbiers nécessaire­s à l’alimentati­on du chevalier cuivré.

Compensati­on

L’Administra­tion portuaire de Montréal promet toutefois de «compenser» les herbiers perdus en raison de la constructi­on du terminal, et notamment du dragage du Saint-Laurent. Selon Daniel Dagenais, vice-président aux opérations, il est prévu d’exploiter «un habitat plus riche» pour le chevalier cuivré situé à proximité des installati­ons de Contrecoeu­r. «La cohabitati­on entre les installati­ons portuaires et le chevalier cuivré n’est pas incompatib­le», estime M. Dagenais. Il n’entrevoit d’ailleurs pas de risque de modificati­ons du projet présenté, en raison de la présence des poissons.

La Société pour la nature et les parcs estime au contraire que le projet actuel serait néfaste pour la survie du chevalier cuivré, la seule espèce de poisson endémique du Québec. «Il est difficile de concevoir que le projet actuelleme­nt sur la table puisse aller de l’avant alors qu’il entraînera la destructio­n d’une partie de l’habitat essentiel qui par définition est l’habitat nécessaire à la survie et au rétablisse­ment de l’espèce», selon son directeur général, Alain Branchaud.

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