La Ville de Montréal vend le théâtre Snowdon
Si aucune condition n’est évoquée concernant l’intérieur du bâtiment, sa façade Art déco devra être préservée
La Ville de Montréal a trouvé un acheteur pour le théâtre Snowdon, laissé vacant depuis cinq ans. Le bâtiment Art déco situé sur le boulevard Décarie, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, sera vendu à des intérêts privés pour la somme de 1,6 million de dollars.
Construit en 1936, le théâtre Snowdon est un ancien cinéma conçu par l’architecte Daniel John Crightone et décoré par Emmanuel Briffa. À compter de 1982, l’immeuble a abrité un centre commercial, puis une salle de gymnastique. C’est d’ailleurs pour permettre le maintien du centre de gymnastique Snowdon que la Ville a acheté l’immeuble en 2003 au coût de 1,87 million. Mais depuis 2013, le théâtre Snowdon est vide. Au fil des ans, sa façade s’est dégradée et, en mars 2016, trois jeunes y ont mis le feu, endommageant l’intérieur du bâtiment.
Préservation de la façade
Jugeant l’immeuble «excédentaire», la Ville l’a mis en vente en 2016. Des trois propositions reçues, la Ville a retenu la plus élevée, soit celle de 1,6 million soumise par une compagnie à numéro dirigée par Viviana Raichman.
Jointe vendredi, Mme Raichman n’a pas voulu dire au Devoir ce que sa société comptait faire de l’immeuble. De son côté, la Ville s’est bornée à dire que le «projet de l’acheteur devra être conforme à la réglementation municipale ».
Le projet de transaction approuvé par le comité exécutif mercredi impose des conditions à l’acheteur. Ainsi, la façade Art déco avec son crépi blanc orné de bandes noires devra être conservée, tout comme l’enseigne et la marquise qui devront être remises en état. L’ajout de fenêtres en façade ne sera possible que dans l’alignement horizontal ou vertical des fenêtres existantes, précisent les documents soumis aux élus.
L’acheteur devra présenter un plan schématique de son projet dans les 60 jours suivant la signature de l’acte de vente. Il devra procéder à des travaux de réhabilitation du bâtiment d’au moins 900 000 $, et ce, dans un délai de 36 mois.
Des choix limités
«La Ville a évalué qu’il y avait beaucoup de travaux qui étaient nécessaires et qu’ils étaient très dispendieux. Je pense que c’est le meilleur choix», a commenté le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand, en rappelant que le cinéma Empress, rue Sherbrooke, était vacant depuis plus de 20 ans.
La vente du théâtre Snowdon n’est pas une mauvaise nouvelle, la Ville ayant ellemême été incapable de faire revivre cet édifice, note Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal. S’il juge «intéressantes» les clauses portant sur la préservation de la façade, M. Bumbaru déplore que la protection de l’intérieur de style Art déco du bâtiment ne soit pas évoquée.
À ce sujet, la Ville a précisé au Devoir que l’incendie de mars 2016 avait endommagé de façon importante les éléments décoratifs intérieurs. «La plupart étant irrécupérables, la préservation de ces éléments décoratifs ne pouvait alors être exigée dans le cadre de la vente de l’immeuble», a indiqué Jules Chamberland-Lajoie, relationniste à la Ville.
Rappelons que Daniel John Crightone a dessiné les plans de plusieurs théâtres à Montréal, parmi lesquels le Regent (1915-1916), le Papineau (1921), le Rivoli (1926) et le Monkland (1929). De son côté, Emmanuel Briffa, un célèbre décorateur originaire de Malte, a conçu les décors intérieurs du cinéma Rialto, du théâtre Outremont et du théâtre Empress.