L’emploi démarre fort aux États-Unis en 2018
Le marché du travail américain a commencé en force la seconde année du mandat de Donald Trump, affichant de solides créations d’emplois, un taux de chômage toujours au plus bas depuis 17 ans et surtout des signes d’augmentation de salaires.
Selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi, l’économie des États-Unis a créé 200 000 emplois nets en janvier, en données corrigées des variations saisonnières, dépassant les attentes des analystes qui étaient de 180 000. À 4,1% depuis quatre mois, le taux de chômage est le plus faible depuis décembre 2000.
C’est surtout du côté des salaires que la bonne surprise est venue, avec une augmentation de 2,9% sur douze mois (+0,3% sur le mois), le rythme le plus rapide depuis la récession en juin 2009, soit il y a presque neuf ans.
Certains économistes restaient néanmoins prudents, comme Chris Low de FTN Financial, qui doute encore, vu la volatilité des données, d’assister à «une vraie pression sur les salaires». D’autres, en revanche, à l’instar de Diana Swonk, économiste pour la firme d’investissements Grant Thornton, sablaient déjà le champagne: «On peut déboucher le champagne et célébrer, mais on a besoin de voir que cela se poursuit», a-telle affirmé.
À Wall Street en revanche, la bonne nouvelle des hausses de salaires a déplu, le Dow Jones plongeant immédiatement. Pour les investisseurs, une hausse des salaires est le signe précurseur d’une accélération de l’inflation et donc des rendements sur les bons du Trésor et des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
Selon des chiffres définitifs, le Dow Jones a abandonné 2,5% à 25 520,96 points, perdant sur la semaine 4,1%. Le S & P 500 a lâché 2,1% à 2762,13 points, en baisse de 3,9 % sur la semaine. Les risques de voir davantage de hausses de taux que les trois anticipées par la Fed sont devenus plus grands.
L’inflation est jusqu’ici obstinément restée sous la cible de 2% que la Fed estime saine pour l’économie (1,7%, selon l’indice PCE). Mais Janet Yellen, dont
c’est le dernier jour samedi à la tête de la Fed, n’a cessé de dire que cette faiblesse était temporaire et que les prix allaient bientôt remonter.
Dans l’ensemble, le rapport sur l’emploi est largement positif: «Ces chiffres solides confirment nos prévisions optimistes que la croissance du PIB américain va dépasser 3%», assurait Mickey Levy, de Berenberg. L’expansion a pourtant marqué le pas au quatrième trimestre, à 2,6% en rythme annuel.
Pour l’ensemble de l’année 2017, selon les données révisées du ministère publiées vendredi, les créations d’emplois ont totalisé 2,17 millions, un rythme un peu ralenti par rapport à 2016 (2,34 millions). Donald Trump préfère, comme il l’a fait au cours de son discours sur l’état de l’Union mardi, brandir le chiffre de 2,4 millions de nouveaux emplois depuis son élection en novembre 2016, un laps de temps qui comprend les deux derniers mois du gouvernement Obama.
Globalement, le nombre de chômeurs est resté à 6,7 millions et ceux qui ne trouvent qu’un emploi à temps partiel sont toujours nombreux, à cinq millions.
Le taux de participation au marché du travail reste toujours au plus bas depuis quarante ans, à 62,7%. Il est particulièrement mauvais pour les femmes, à 57,2 %, souvent retenues au foyer pour s’occuper de leurs enfants ou de leurs parents âgés en l’absence de services publics ou d’un cadre réglementaire favorable.
Le taux de chômage des Noirs, que Donald Trump se félicite d’avoir fait tomber « à un plus bas historique » à 6,8 % en décembre, est remonté en janvier à 7,7%, affichant toujours un niveau deux fois supérieur à celui des Blancs qui, lui, est descendu à 3,5% comparativement à 3,7% le mois d’avant.