Le Devoir

Les producteur­s de cannabis poursuiven­t leur dégringola­de

Certaines sociétés ont perdu entre 10 % et 20 % en Bourse

- FRANÇOIS DESJARDINS

Les sociétés de cannabis médical ont vécu une nouvelle descente vendredi, plusieurs producteur­s de renom voyant leur titre perdre plus de 10% de valeur dans un contexte où certains n’hésitent pas à parler d’un marché surévalué. La baisse s’inscrit également dans un recul généralisé des indices boursiers.

La chute des actions de cannabis, qui fait suite à quelques semaines d’hésitation après une année 2017 spectacula­ire, donne de nouvelles munitions aux analystes convaincus d’observer une ascension injustifié­e.

Un des plus gros joueurs, Canopy Growth, qui veut convertir les Serres Bertrand, a vu son titre perdre 12,5% à 24,11$, un déclin qui a fait tomber sa valeur boursière à 4,63 milliards. Aurora Cannabis, qui possède un complexe de production à Pointe-Claire, a reculé de 17% à 8,50$.

L’an dernier, l’action de Canopy, par exemple, est passée d’environ 9$ à 30$, une trajectoir­e suivie par plusieurs autres producteur­s qui, souvent, ne génèrent pas de profits en raison des investisse­ments qu’ils doivent faire. Depuis le 10 janvier, l’action est passée de 42 $ à 24 $.

«C’est encore un peu surévalué. C’est allé trop haut, trop vite», a dit vendredi Rob Tétrault, premier vice-président et gestionnai­re de portefeuil­le à la Financière Banque Nationale, à Winnipeg. «Quand on vous parle d’investisse­ments potentiels dans la rue, dans des cocktails, lors de réunions de famille, ça veut dire qu’on est dans l’euphorie. Ça ne repose pas sur des facteurs fondamenta­ux. »

La journée a commencé par une annonce d’Aphria, un autre des gros joueurs de l’industrie canadienne, qui a décidé de vendre ses actifs américains pour répondre aux récentes préoccupat­ions des autorités réglementa­ires canadienne­s.

Le 16 octobre 2017, les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières (ACVM), qui regroupent les régulateur­s provinciau­x, ont servi une mise en garde et souligné que les sociétés d’ici «qui exercent des activités liées à la marijuana aux États-Unis s’exposent à certains risques en raison du conflit entre les lois étatiques et fédérales en la matière ».

«La législatio­n fédérale relative à la marijuana pourrait être appliquée à tout moment, auquel cas ces émetteurs risquent de faire l’objet de poursuites ou de voir leurs actifs saisis», avaient ajouté les ACVM, dont la présidence rotative est présenteme­nt occupée par le patron de l’Autorité des marchés financiers du Québec, Louis Morrisset.

Aphria a donc conclu une entente avec la société Liberty Health Sciences afin de lui vendre, pour 20 millions, sa participat­ion dans Copperstat­e Farms. Celle-ci produit du cannabis médical en Arizona.

«La vente de Copperstat­e représente une étape importante dans nos efforts de collaborat­ion avec la Bourse de Toronto et les ACVM concernant la vente de nos investisse­ments aux États-Unis», a dit le chef de la direction d’Aphria, Vic Neufeld.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Aurora Cannabis, qui possède un complexe de production à Pointe-Claire, a reculé de 17% à 8,50$.

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