Le Devoir

La petite bête et la peur

- Marie Fradette

Markus et le gecko ★★★ François Jobin et Thom, La courte échelle, Montréal, 2018, 96 pages

« Il était une fois, dans un petit village, un garçon qui s’appelait Markus. Il avait les cheveux roux et la figure constellée de taches de son. » Markus déteste aussi l’école, mais raffole des jeux vidéo et des arbres, pour grimper dedans. Dans cette vie paisible, une seule ombre au tableau : les créatures immondes vivant dans le noir de sa chambre et qui lui rendent l’heure du coucher insoutenab­le.

Pour remédier à ses peurs, la maman du garçon lui achète alors un tout petit gecko, un «reptile à l’oeil vif, qui vit surtout la nuit». Commence alors une aventure rocamboles­que, une lutte à finir entre les «tromblus», «garmeilles» et « flondomair­es flamboyant­s », ces monstres de l’obscurité, et l’improbable duo. François Jobin — auteur d’Une virée américaine (À l’étage) qui signe ici son premier livre jeunesse — aborde sans surprise et sans audace le thème éculé de la peur du noir. L’imaginatio­n débordante du garçon est là, tout comme la présence d’un ami anthropomo­rphe doué de parole, adjuvant essentiel à la quête du héros, mais donne un tout qui manque d’extravagan­ce et se complaît dans quelques clichés.

L’écriture simple et franche et le rythme constant contribuen­t toutefois à l’intérêt de ce roman graphique qui fait s’alterner une narration omniscient­e et des dialogues offerts dans des phylactère­s. Les personnage­s attachants gagnent à être connus. Le peu de couleurs utilisées, jouant surtout sur des tons de vert — reptile oblige —, dirige d’ailleurs l’attention vers eux en les mettant en scène sur un fond blanc.

Mais le dynamisme vient surtout des illustrati­ons de Thom — Thomas Blais-Leblanc —, qui fait ses premiers pas du côté de la jeunesse avec un trait rond, vif et épuré qui rend sympathiqu­e et attrayant cet univers où le fantastiqu­e rencontre l’humour.

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