Réduire la mortalité à la naissance
L’OEuvre Léger s’implique dans l’amélioration des soins de santé en Haïti
Dans les communes de Léogâne et de Gressier, en Haïti, une équipe de L’OEuvre Léger, par l’entremise du projet Prosami, financé par Affaires mondiales Canada, travaille à améliorer l’accès aux soins de santé et à réduire le taux de mortalité chez les femmes enceintes, les nouveau-nés et les enfants de moins de cinq ans. Le programme, amorcé en 2016, donne déjà des résultats.
Les besoins en santé maternelle, néonatale et infantile en Haïti sont criants. À preuve, c’est dans ce pays qu’on trouve le taux de mortalité maternel le plus élevé dans les Caraïbes, soit 380 décès pour 100 000 naissances. En comparaison, ce taux est de 7 décès pour 100 000 naissances au Canada. L’équipe de Prosami a notamment pour objectif d’amenuiser cette différence.
Naissance du projet
Le projet a été créé à la demande du ministère de la Santé publique et de la Population d’Haïti (MSPP) et de la coopération internationale. Puisque L’OEuvre Léger est déjà présente à Léogâne depuis plus de 30 ans (elle y possède l’hôpital Cardinal-Léger), il lui a été naturel de répondre à cette demande.
Les problèmes d’accès aux soins de santé à Léogâne et Gressier ont été accentués par le séisme de 2010. Ces deux communes en étaient l’épicentre. À la suite de cet événement, Médecins sans frontières (MSF) s’y était installée pour offrir des soins de santé gratuits à la population. Or, le départ de MSF en 2015 a créé un vide, car «la population s’était habituée à recevoir des services gratuits et elle y recourait de plus en plus», raconte Frédérique Thomas, directrice des programmes internationaux à L’O Euvre Léger. Le projet Prosami est venu combler ce vide en 2016 en offrant des soins de santé gratuits, au même titre que la défunte initiative de MSF.
Un bilan positif
En deux ans, plusieurs avancées ont été accomplies en matière d’accès aux soins de santé. «Le projet a permis le renforcement en ressources humaines et en équipement dans huit établissements de santé, affirme Michel Carroll, chef du projet Prosami. Grâce à lui, les dépenses de fonctionnement, d’acquisition et de réhabilitation de ces établissements ont bénéficié d’un financement, et la construction d’infrastructures sanitaires dans trois maternités a pu se réaliser. »
L’autre point positif est l’amélioration des services offerts dans cinq centres communautaires de santé (les centres Flon, Dufort, Bagadères, Croix-des-Pères et La Salle).
Mme Thomas tient aussi à souligner la très bonne collaboration entre le MSPP et L’O Euvre Léger. « C’est un projet qui se fait en partenariat avec des gens qui connaissent bien les besoins des populations locales. »
Une évaluation en cours
Rendu en 2018 à mi-parcours (le projet se termine en 2020), un bilan est en voie de réalisation. «Les chiffres préliminaires indiquent une diminution du taux de mortalité infanto-juvénile de 88 décès sur 1000 naissances à 81 décès sur 1000», affirme Michel Carroll, qui tient à préciser cependant que cette baisse n’est pas uniquement attribuable au projet. Le taux de mortalité maternelle, aussi très élevé, n’a pas été évalué pour l’instant.
De plus, «les évaluations internes du projet démontrent une amélioration du taux d’utilisation des services, une amélioration de la prestation de ses services et un accès accru aux services de santé maternelle », affirme la Dre Chancy Santia, conseillère en gouvernance et en suivi-évaluation pour Prosami.
L’année 2018 sera une année importante pour le projet. «Nous allons construire une unité de soins obstétricaux et néonatals d’urgence attenante au Centre materno-infantile de Léogâne, où pourront être réalisées des césariennes et où on pourra traiter des complications médicales en santé maternelle et infantile, dit M. Carroll. Les habitants des communes de Léogâne et de Gressier auront ainsi accès à de meilleurs ser vices. »
Similitudes avec les CLSC québécois
Le projet Prosami a un volet santé communautaire qui se rapproche du modèle des CLSC. « Ce volet est assuré par les centres communautaires de santé (CCS), ajoute Michel Carroll. Cela permet d’offrir des services de santé maternelle de proximité aux nouveau-nés et aux enfants et d’offrir des soins de première ligne.»
Afin de promouvoir les services offerts par ce réseau, une équipe de 44 agents de santé communautaire polyvalents (ASCP), supervisée par des professionnels de soins et rattachée aux centres de santé, a été mise en place. «Ils font le pont entre la communauté et les centres, assure la Dre Santia. Ils parcourent notamment les zones éloignées pour y réaliser, par exemple, des campagnes de vaccination, des séances d’information et d’éducation et pour repérer les femmes enceintes. »
Faire connaître les services de soins de santé offerts par le projet Prosami représente par ailleurs un défi dans cette région montagneuse, dont l’accès est parfois difficile. Pour y parvenir, « nous travaillons avec des comités de santé, des groupements de femmes, des clubs de jeunes et les élus locaux», affirme la Dre Santia.
L’après-2020
Le projet Prosami, qui vient directement en aide à plus de 30 000 personnes dans les communes de Léogâne et de Gressier, a-t-il des chances de se prolonger au-delà de 2020? M. Carroll le souhaiterait, car selon lui, les besoins à combler sont importants, les défis à relever sont énormes pour obtenir des résultats, et quatre ans pour y parvenir, c’est peu. Il est toutefois optimiste, car « le projet cadre avec les orientations de la politique canadienne d’aide au développement de même qu’avec la stratégie du MSPP en matière de santé maternelle des nouveau-nés et des enfants, dit-il. Si ces orientations demeurent, si les conditions sociopolitiques restent propices et que les résultats produits par le Prosami sont jugés satisfaisants, une seconde phase devient envisageable. »
Le projet Prosami ne représente qu’une des nombreuses initiatives internationales de L’OEuvre Léger, une organisation présente en Afrique, en Asie et ailleurs dans les Amériques.