Construire un monde meilleur
Le modèle coopératif et mutualiste permet de réduire la pauvreté et les inégalités dans les pays du Sud
L’objectif ultime de la Société de coopération pour le développement international (Socodevi) est l’amélioration des conditions de vie des populations. Depuis 2015, grâce à son réseau coopératif et mutualiste, elle met le cap sur plusieurs des objectifs de développement durable définis par l’ONU.
«Nous avons encore beaucoup de défis même si on dit que la planète va mieux», lance d’emblée Richard Lacasse, directeur général de la Socodevi, qui croit plus que jamais au modèle coopératif et mutualiste. Pour lui, le regroupement des forces est ce qui compte avant tout. «Cent sacs de café, ce n’est pas énorme, mais 1000 personnes qui mettent 100 sacs de café ensemble, là, nous commençons à parler de volume, de capacité de négociation, de prix, de réduction du coût de transport et donc de la possibilité de trouver des solutions pour réduire la pauvreté», explique-t-il.
En plus de 30 ans, la Socodevi a accompagné près de 700 organisations et entreprises coopératives à travers plus de 40 pays du Sud. Les secteurs d’intervention et les expertises sont multiples: l’agroalimentaire, le développement économique local, la foresterie durable et l’agroforesterie, les services financiers et les assurances, l’habitation, la gestion du changement, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’environnement et les changements climatiques. Au Guatemala, au Vietnam ou encore au Mali, le développement «de coopératives en milieu rural a fait ses preuves en tant que moteur de création d’emplois décents et de croissance économique durable et inclusive». L’organisation vise la prise en charge par les populations elles-mêmes. «Finalement, on est heureux lorsqu’on peut s’en aller», constate Richard Lacasse avec un sourire.
Alors que l’histoire des coopératives et des mutuelles est déjà longue, elle ne va pas s’arrêter tout de suite. «Si on regarde le passé des coopératives et des mutuelles au Québec, nous avons appris de l’historique des Européens au début du siècle dernier. Cela a contribué à mettre en place un réseau très fort ici, qui a permis de régler des problèmes socioéconomiques locaux», commente M. Lacasse. En 1985, au début de la Socodevi, l’idée était donc de refaire cela avec les partenaires du Sud.
Objectifs durables et défis
Parmi les 17 objectifs définis par l’ONU en août 2015, la Socodevi travaille sur six d’entre eux en particulier: l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim, l’égalité entre les sexes, l’accès à des emplois décents, la réduction des inégalités et la lutte contre le changement climatique. «Il reste du travail à faire, mais nous avançons dans la bonne direction », croit M. Lacasse.
En outre, plus que jamais en 2018, la Socodevi va mettre l’accent sur le leadership au féminin. «Les femmes sont des actrices importantes du développement, nous voulons nous assurer qu’elles ont accès à la technologie et au financement et qu’elles ont du contrôle sur les décisions économiques », développe le directeur. Sur le terrain, la Socodevi travaille pour offrir des formations professionnelles et techniques ainsi qu’à mettre en place des programmes de financement.
«L’autre point très important pour nous et sur lequel nous travaillons très fort est l’agriculture et les changements climatiques », note M. Lacasse. Il mentionne l’exemple des problèmes liés au déboisement au Guatemala il y a quelques années. Le réseau avait alors cherché des solutions innovantes pour l’aménagement forestier. Après une quinzaine d’années, près de 23 millions d’arbres ont été replantés. Cela améliore la productivité du pays, en plus de constituer une activité de diversification et de génération des revenus. «Aujourd’hui, nous ne travaillons plus au Guatemala, mais le reboisement continue. Nous recevons des rapports, des membres sont venus au Québec pour en témoigner dans un séminaire, ils font maintenant partie d’organisations solides», raconte le directeur général.
Par ailleurs, la Socodevi fait face au défi de l’intégration de nouvelles technologies dans les différents pays d’intervention. « Nous travaillons à l’adaptation de technologies simples pour améliorer la valeur ajoutée des produits», explique Richard Lacasse. Par exemple, la Socodevi cherche à rapprocher des compagnies canadiennes de café comme Keurig ou Van Houtte des coopératives productrices de café en Amérique latine. Ainsi, ils peuvent déterminer ensemble quels sont les critères de qualité du marché québécois et faire en sorte d’améliorer les technologies pour obtenir de meilleurs prix sur les marchés mondiaux.