Séduire les jeunes investisseurs
Épargner tôt comporte son lot d’avantages, dit le Fonds de solidarité de la FTQ
On entend depuis longtemps que les fonds de travailleurs constituent une bonne option pour les épargnants se rapprochant de leur retraite. Le Fonds de solidarité de la FTQ est pourtant convaincu d’avoir aussi d’excellents atouts pour séduire les jeunes.
«Un crédit d’impôt de 30% comme celui auquel donne droit le REER du Fonds de solidarité de la FTQ, c’est bon à n’importe quel âge», soutient Denis Leclerc, vice-président principal du marché de l’épargne de l’organisation.
Souscrire à un REER du Fonds de solidarité permet de déduire la contribution de son revenu, comme pour tout REER. Cela fait épargner de l’impôt. Mais ce REER donne aussi droit à un crédit d’impôt remboursable de 30%, un atout non négligeable pour les jeunes épargnants, notamment ceux dont les revenus sont peu élevés. Imaginons un instant que vous disposez d’un revenu imposable inférieur à 43 055 $ par année. Vous investissez 2000 $ dans un REER au Fonds. Grâce à la déduction REER et au crédit d’impôt, cet investissement ne vous coûtera en fait que 849,40$. Vous aurez économisé 1150,60$ d’impôt, comparativement à 550,60 $ pour un REER ordinaire.
« Pour les jeunes qui ont peu d’argent à investir, c’est un réel incitatif pour commencer à épargner plus tôt », croit Denis Leclerc.
C’est d’autant plus vrai lorsque l’on opte pour la retenue sur salaire, selon lui, parce que le crédit d’impôt est calculé immédiatement pour chaque prélèvement. Chaque paie baisse donc assez peu. Investir la même contribution de 2000$ par année en payant toutes les deux semaines coûterait en fait 17,70$ par paie, alors que le montant investi serait de 41,67 $.
Les jeunes pourraient aussi être réceptifs à la facilité de contribuer à un REER du Fonds de solidarité en ligne. Une fois enregistré comme actionnaire, il est possible de faire cette contribution en à peine cinq minutes sur la plateforme du Fonds. Déjà, la moitié des sommes investies dans le REER du Fonds passent par Internet.
Commencer tôt
Depuis environ cinq ans, plus d’un nouvel actionnaire sur deux du Fonds a 39 ans ou moins et un sur huit a moins de 25 ans. Une bonne nouvelle pour le Fonds, mais aussi pour ces jeunes investisseurs. En effet, l’effet sur l’épargne accumulée de la longueur de la période d’investissement, laquelle permet de bénéficier des intérêts composés, est souvent sous-estimé par de nombreux épargnants.
Le Fonds présente deux exemples aux jeunes. Dans le premier, un actionnaire investit 1000 $ par année dans le Fonds de 20 à 35 ans (donc pendant 16 ans). Dans le second, un autre actionnaire investit aussi 1000$ par année, mais de l’âge de 35 à 60 ans (soit pendant 26 ans). À 60 ans, le premier aura accumulé 43 370$, contre 39 710$ pour le second. C’est donc dire que celui qui a commencé plus tôt aura accumulé 3760$, tout en ayant contribué au Fonds pendant dix ans de moins!
Denis Leclerc ajoute que plusieurs jeunes sont aussi attirés par la mission du Fonds, qui investit dans des entreprises québécoises souvent novatrices. Il donne l’exemple de l’investissement de trois millions de dollars dans Les Fermes Lufa, annoncé en mars 2017. Les Fermes Lufa cultivent des aliments en ville, par exemple, dans des serres installées sur des toits avec une approche d’agriculture responsable. «Les jeunes apprécient les entreprises conscientes socialement, l’engagement dans la communauté et la création d’emplois locaux, donc nous nous efforçons de leur montrer que cela fait partie intégrante de notre mission», précise le vice-président.
Parler le langage des jeunes
Pour porter son message auprès des jeunes, le Fonds a dû développer de nouvelles approches marketing et rejoindre les jeunes là où ils sont, c’est-à-dire dans les écoles, cégeps et universités, mais aussi beaucoup sur les médias sociaux. Le Fonds collabore avec des influenceurs très présents sur YouTube, comme Rosalie Lessard et Guillaume Sans Destination.
«Nous sortons de l’approche produit, explique Rachèle Robert, conseillère marketing du marché de l’épargne au Fonds. Il ne s’agit pas de faire simplement la publicité de nos produits auprès des jeunes ou de leur parler de REER, ce qui ne leur parle pas trop. Nous souhaitons plutôt nous faire connaître auprès d’eux, développer des affinités avec eux, notamment en leur fournissant du contenu susceptible de les intéresser. »
La conseillère donne l’exemple de deux capsules vidéo. Dans l’une d’elles, Rosalie Lessard, dont la chaîne YouTube est surtout axée sur la nourriture, relève le défi que lui a lancé le Fonds de préparer tous ses lunchs de la semaine avec un budget total de 20$. Dans une autre, prévue pour mars 2018, Guillaume Sans Destination, un nomade assumé, offrira ses conseils pour passer une journée en voyage avec 20 $.
Lorsqu’il est question directement du Fonds, le message est centré sur sa mission économique et aussi beaucoup sur ses valeurs, son rôle dans le développement local. Surtout, ne jamais se montrer moralisateur. «Nous comprenons leur réalité, poursuit Rachèle Robert. Ce n’est pas évident de commencer à épargner quand on est jeune. Nous tentons de les accompagner là-dedans et de les amener à développer cette habitude. »
Le Fonds se positionne aussi dans les universités, par exemple, en commanditant le pavillon sportif de l’Université McGill, ce qui permet au Fonds de se faire connaître par une jeune clientèle anglophone, ou encore avec des publicités dans les agendas. Toujours en conservant la même approche ludique.
« Nous savons que les jeunes étudiants ont rarement les moyens de contribuer à un REER, mais l’idée est d’augmenter notre notoriété auprès d’eux afin qu’ils pensent à nous lorsqu’ils arriveront sur le marché du travail et voudront commencer à épargner», précise Rachèle Robert.
Plusieurs jeunes sont aussi attirés par la mission du Fonds, qui investit dans des entreprises québécoises souvent novatrices