Retour vers le futur avec le Parti québécois
Depuis quelques jours, une ombre plane sur le Parti québécois. Après de mauvais sondages qui placent le parti à un creux historique à moins d’un an des élections, le parti semble imploser. Trois têtes d’affiche ont quitté le bateau, qui semblait déjà vivoter dans des eaux troubles, puis un ancien chef a décidé de revenir dans l’arène en se déclarant «en réserve de la République », remettant en question le leadership de Jean-François Lisée. Si certains voient par le retour de PKP une chance pour le PQ de former un gouvernement, ou du moins de sauver les meubles, pour ma part, je ne peux que voir un boulet renforçant l’image de vieux parti usé et divisé dont le PQ a tant de mal à se défaire et qui éloigne les jeunes qui lui sont pourtant vitaux.
En tant qu’étudiant au cégep, lieu historiquement si fertile pour la gauche et les souverainistes, je ne peux que constater à quel point le Parti québécois semble morbide et ennuyant pour les jeunes. Pourtant, n’est-ce pas ce que le parti est censé représenter? Une force unie pour la souveraineté et le progressisme? Malgré tout ce qu’on peut entendre sur l’essoufflement du nationalisme, les étudiants en sont friands et ne cherchent qu’un parti pour les représenter et les sensibiliser. En ce moment, c’est Québec solidaire qui réussit à aller chercher ces appuis progressistes si importants, notamment par sa récente «Opération Campus» visant à aller rencontrer des jeunes de toute la province par l’entremise de leurs associations étudiantes et de l’engagement de leurs pairs. C’est le genre d’initiative qui allume les jeunes sur un campus, qui les amène à voter et à s’impliquer. C’est le genre de fraîcheur qui intéresse. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi et de nombreux autres cégépiens que je côtoie, autant à droite qu’à gauche, le retour de PKP ne représente pas du tout un vent de fraîcheur, mais plutôt une odeur nauséabonde de vieille politique inintéressante.
Si, pour certains ténors du PQ, PKP représente un futur (re-)chef pouvant amener un discours à saveur économique à l’avant-plan afin d’aller chercher des votes à la CAQ et au Parti libéral, il est clair que, pour ma génération, ce géant des médias ne représente rien de bon ou de nouveau. Peut-être que ce nouveau sauveur du PQ irait chercher quelques points à droite, mais il est évident qu’il ne ferait qu’éloigner davantage les jeunes du parti et de la cause indépendantiste. Pour plusieurs millénariaux, moi y compris, PKP ne représente pas un prochain premier ministre, mais plutôt un riche p.-d.g. d’un empire d’infodivertissement avec des positions très à droite qui s’est lancé en politique de façon très maladroite, coulant du même coup le parti qui le voit aujourd’hui comme un sauveur.
Un exode à gauche
Advenant un retour de PKP à la suite d’une amère défaite le 1er octobre prochain, je ne peux que prévoir un exode encore pire à gauche pour les jeunes de ma génération. Ce ténor de la droite tirerait le parti, qui représentait il y a de ça quelques années la gauche progressiste, vers la droite, ramenant son discours politique encore plus loin des valeurs qui sont chères aux millénariaux. Cela serait une excellente nouvelle pour Québec solidaire, qui consoliderait ses appuis dans cette tranche si importante de la population, mais un drame pour le Parti québécois, qui voit ses appuis fondre avec le vieillissement des baby-boomers, une génération qui lui a toujours été fidèle.
Si le Parti québécois regorge de membres et de députés inspirants, il donne ces temps-ci l’impression d’usure qui ne peut que lui nuire, surtout quant au renouvellement de sa base électorale. Le parti devrait se tourner vers ce qui a marché dans les derniers mois, ce qui a inspiré et amené du nouveau sur la politique internationale. Comment ont fait Bernie Sanders, JeanLuc Mélenchon et Valérie Plante pour attirer des jeunes et créer un engouement lors de leurs campagnes respectives? Ils ont amené quelque chose de frais, de positif et d’ambitieux aux électeurs et c’est exactement ce que devra faire le PQ s’il veut survivre à travers les générations.
Si le Parti québécois réussit à sauver les meubles aux élections en octobre prochain, il devra sérieusement se remettre en question et, la prochaine fois, à la place de sortir des représentants de l’establishment, comme un Lisée, un Péladeau ou une Ouellet, pourquoi ne pas surprendre avec un Paul St-Pierre-Plamondon ou encore même une Catherine Fournier ? Ne sontils pas la fraîcheur, la fougue et la nouveauté que tout le monde attend avec impatience?