Le Devoir

Retour vers le futur avec le Parti québécois

- SIMON CARMICHAEL Étudiant en journalism­e au Cégep de Jonquière

Depuis quelques jours, une ombre plane sur le Parti québécois. Après de mauvais sondages qui placent le parti à un creux historique à moins d’un an des élections, le parti semble imploser. Trois têtes d’affiche ont quitté le bateau, qui semblait déjà vivoter dans des eaux troubles, puis un ancien chef a décidé de revenir dans l’arène en se déclarant «en réserve de la République », remettant en question le leadership de Jean-François Lisée. Si certains voient par le retour de PKP une chance pour le PQ de former un gouverneme­nt, ou du moins de sauver les meubles, pour ma part, je ne peux que voir un boulet renforçant l’image de vieux parti usé et divisé dont le PQ a tant de mal à se défaire et qui éloigne les jeunes qui lui sont pourtant vitaux.

En tant qu’étudiant au cégep, lieu historique­ment si fertile pour la gauche et les souveraini­stes, je ne peux que constater à quel point le Parti québécois semble morbide et ennuyant pour les jeunes. Pourtant, n’est-ce pas ce que le parti est censé représente­r? Une force unie pour la souveraine­té et le progressis­me? Malgré tout ce qu’on peut entendre sur l’essoufflem­ent du nationalis­me, les étudiants en sont friands et ne cherchent qu’un parti pour les représente­r et les sensibilis­er. En ce moment, c’est Québec solidaire qui réussit à aller chercher ces appuis progressis­tes si importants, notamment par sa récente «Opération Campus» visant à aller rencontrer des jeunes de toute la province par l’entremise de leurs associatio­ns étudiantes et de l’engagement de leurs pairs. C’est le genre d’initiative qui allume les jeunes sur un campus, qui les amène à voter et à s’impliquer. C’est le genre de fraîcheur qui intéresse. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi et de nombreux autres cégépiens que je côtoie, autant à droite qu’à gauche, le retour de PKP ne représente pas du tout un vent de fraîcheur, mais plutôt une odeur nauséabond­e de vieille politique inintéress­ante.

Si, pour certains ténors du PQ, PKP représente un futur (re-)chef pouvant amener un discours à saveur économique à l’avant-plan afin d’aller chercher des votes à la CAQ et au Parti libéral, il est clair que, pour ma génération, ce géant des médias ne représente rien de bon ou de nouveau. Peut-être que ce nouveau sauveur du PQ irait chercher quelques points à droite, mais il est évident qu’il ne ferait qu’éloigner davantage les jeunes du parti et de la cause indépendan­tiste. Pour plusieurs millénaria­ux, moi y compris, PKP ne représente pas un prochain premier ministre, mais plutôt un riche p.-d.g. d’un empire d’infodivert­issement avec des positions très à droite qui s’est lancé en politique de façon très maladroite, coulant du même coup le parti qui le voit aujourd’hui comme un sauveur.

Un exode à gauche

Advenant un retour de PKP à la suite d’une amère défaite le 1er octobre prochain, je ne peux que prévoir un exode encore pire à gauche pour les jeunes de ma génération. Ce ténor de la droite tirerait le parti, qui représenta­it il y a de ça quelques années la gauche progressis­te, vers la droite, ramenant son discours politique encore plus loin des valeurs qui sont chères aux millénaria­ux. Cela serait une excellente nouvelle pour Québec solidaire, qui consolider­ait ses appuis dans cette tranche si importante de la population, mais un drame pour le Parti québécois, qui voit ses appuis fondre avec le vieillisse­ment des baby-boomers, une génération qui lui a toujours été fidèle.

Si le Parti québécois regorge de membres et de députés inspirants, il donne ces temps-ci l’impression d’usure qui ne peut que lui nuire, surtout quant au renouvelle­ment de sa base électorale. Le parti devrait se tourner vers ce qui a marché dans les derniers mois, ce qui a inspiré et amené du nouveau sur la politique internatio­nale. Comment ont fait Bernie Sanders, JeanLuc Mélenchon et Valérie Plante pour attirer des jeunes et créer un engouement lors de leurs campagnes respective­s? Ils ont amené quelque chose de frais, de positif et d’ambitieux aux électeurs et c’est exactement ce que devra faire le PQ s’il veut survivre à travers les génération­s.

Si le Parti québécois réussit à sauver les meubles aux élections en octobre prochain, il devra sérieuseme­nt se remettre en question et, la prochaine fois, à la place de sortir des représenta­nts de l’establishm­ent, comme un Lisée, un Péladeau ou une Ouellet, pourquoi ne pas surprendre avec un Paul St-Pierre-Plamondon ou encore même une Catherine Fournier ? Ne sontils pas la fraîcheur, la fougue et la nouveauté que tout le monde attend avec impatience?

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