Le Devoir

Thomas Bach fustige le Tribunal arbitral du sport

- FRÉDÉRIC BOURIGAULT ÉRIC BERNAUDEAU à Pyeongchan­g

Après la décision « extrêmemen­t décevante et surprenant­e» du Tribunal arbitral du sport (TAS) de lever la suspension à vie de 28 sportifs russes soupçonnés d’avoir profité d’un système de dopage institutio­nnalisé, le patron du CIO, Thomas Bach, a montré du doigt dimanche le TAS, tribunal suprême du sport, appelant à «réformer sa structure ».

« Nous n’aurions jamais imaginé pareille décision»: à cinq jours de l’ouverture des Jeux d’hiver de Pyeongchan­g, M. Bach n’a pas pris de gants pour évoquer le TAS.

Alors qu’une même confusion régnait peu avant l’ouverture des JO de Rio en 2016 sur la participat­ion ou non des Russes dans certains sports, le président allemand du CIO avait en effet usé du même stratagème de communicat­ion, accusant alors l’Agence mondiale antidopage (AMA).

À ses yeux, l’AMA était coupable d’avoir trop tardé à publier la première partie du rapport du juriste canadien Richard McLaren, qui avait mis en lumière un système de dopage institutio­nnalisé en Russie.

Cette fois donc, c’est le TAS qui est fautif à ses yeux.

Pour rappel, en novembre et décembre, une commission disciplina­ire du CIO a disqualifi­é et suspendu à vie 43 sportifs russes, présents aux JO de Sotchi, privant la Russie de 13 médailles.

Mais coup de théâtre jeudi dernier: le TAS, estimant que les preuves étaient «insuffisan­tes», a donné en partie tort à cette commission disciplina­ire et totalement annulé les suspension­s à vie de 28 de ces Russes, leur permettant sous conditions de postuler pour les Jeux d’hiver. Et de récupérer leurs médailles de Sotchi.

Appel à une «réforme»

Pour M. Bach, la décision du tribunal révèle un «besoin urgent de réforme dans la structure interne du TAS pour parvenir à plus de qualité et de continuité dans les jugements ».

«Avant toute prise de position, nous allons d’abord chercher à obtenir des précisions de la part du CIO quant au genre de réformes évoquées par son président aujourd’hui [dimanche], au-delà de la déception qu’il a exprimée par rapport aux sentences du TAS concernant les athlètes russes», a commenté Matthieu Reeb, secrétaire général du TAS, dans une réaction transmise à l’AFP.

M. Bach, qui est allé samedi soir au Village olympique à la rencontre des athlètes, a révélé que la décision du TAS était pour eux « le sujet le plus brûlant» et représenta­it «peutêtre 90 % de leurs questions ».

«Qu’est-il possible de faire pour éviter que cette situation se répète», se sont inquiétés les sportifs, a ajouté M. Bach.

« Nous ne pouvons pas nous retrouver dans une situation où le TAS perdrait sa crédibilit­é au sein des sportifs», a-t-il encore souligné.

Alors que le patron du mouvement olympique avait réussi un coup de maître avec la présence historique et hautement symbolique de sportifs nord-coréens lors des JO de Pyeongchan­g organisés en Corée du Sud, il doit désormais gérer une affaire sportivo-judiciaire dont il se serait bien passé.

Pour M. Bach, la décision du tribunal révèle un «besoin urgent de réforme dans la structure interne du TAS»

Sanctions levées

Concrèteme­nt, 15 sportifs russes blanchis par le TAS sont concernés et peuvent espérer aller à Pyeongchan­g après avoir pourtant été bannis à vie il y a quelques semaines.

Les cas de ces 13 sportifs en activité et 2 entraîneur­s doivent maintenant être examinés par un panel présidé par l’ancienne ministre française des Sports Valérie Fourneyron.

La décision d’inviter ou non ces 15 Russes reviendra ensuite à un second panel, dans lequel siège notamment le directeur général du CIO, Christophe de Kepper, et qui peut retirer des noms à sa guise.

«L’absence de sanctions du TAS ne signifie pas que [les athlètes] peuvent recevoir une invitation du CIO, car recevoir cette invitation est un privilège réservé aux sportifs russes propres», a conclu M. Bach qui a promis une décision «dans les prochains jours». Il faut faire vite, la cérémonie d’ouverture étant prévue vendredi à 20h.

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