Le mariage gai au coeur de la présidentielle
San José — Les Costariciens ont commencé à voter, dimanche, au premier tour d’une présidentielle très ouverte: plus du tiers des électeurs se disent indécis et aucun candidat n’a dominé la campagne électorale, très centrée sur le mariage homosexuel.
Fabricio Alvarado, député et pasteur évangélique de 43 ans du parti Restauration nationale, est l’un des favoris de ce premier tour. Il s’est détaché ces dernières semaines du peloton, passant de 3 % d’intentions de vote en décembre à 16,9 %, mercredi, dans le dernier sondage.
Il doit cette remontée à une prise de position très ferme contre l’union de personnes de même sexe, après une récente décision de justice qui touche tout le continent.
Le 9 janvier, la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CourIDH), institution émanant de l’Organisation des États américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage gai, marquant une évolution majeure en Amérique latine, région où les inégalités sont criantes pour la communauté LGBT.
«Touslesdroitspatrimoniauxissusde liens familiaux de couples du même sexe doivent être protégés, sans discrimination par rapport aux couples hétérosexuels», a écrit la CourIDH, dont le siège est à San José, en réponse à une consultation du gouvernement du Costa Rica.
Bien que non contraignante, cette décision exerce une pression sur les législations locales.
Fibre conser vatrice
Ce coup de semonce a fait irruption dans la campagne, réveillant la fibre conservatrice des Costariciens, selon des experts.
«Nous parlons d’un pays conservateur et religieux », explique à l’AFP le politologue Felipe Alpizar, de l’UCR. Les sondages mensuels du Centre d’études politiques de cette université montrent un rejet massif, autour de 65%, du mariage homosexuel, de l’usage récréatif de la marijuana, d’un État laïque et de l’avortement, même en cas de viol.
Jusqu’ici, dans ce petit pays vivant de l’écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique, les préoccupations des électeurs tournaient autour de la corruption et de la hausse de la criminalité, due essentiellement à l’essor du trafic de drogue, qui ravage ses voisins.
Des thèmes sur lesquels l’avocat pénaliste Juan Diego Castro, 62 ans, issu du petit parti de droite Intégration nationale (PIN), a surfé avec succès grâce à un discours sécuritaire et la promesse de combattre ces fléaux. Après avoir caracolé en tête jusqu’au mois de décembre, celui qui se présentait en public avec un balai, symbole de son intention de tout nettoyer, a plongé de 16 à 8,6%, selon la dernière enquête d’opinion.
Fabricio Alvarado s’est dit prêt à retirer son pays de la CourIDH.
Derrière lui dans les sondages, on trouve l’exdéputé Antonio Alvarez, 59 ans, du parti Libération nationale (PLN, social-démocrate), la plus grande formation du pays, avec 12,4%. Puis, en troisième position, l’ancien ministre Carlos Alvarado (sans lien de parenté avec Fabricio), 38 ans, du parti au pouvoir Action citoyenne (PAC, centre), à 10,6 %.