Le Devoir

Harcèlemen­t psychologi­que.

Lucien Bouchard et l’OSM se disent «compatissa­nts et touchés».

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Par la voix du président de son conseil d’administra­tion, Lucien Bouchard, les dirigeants de l’Orchestre symphoniqu­e de Montréal (OSM) se sont dits « très compatissa­nts et touchés» par les témoignage­s de plusieurs musiciens publiés dans Le Devoir et La Presse samedi.

L’ancien premier ministre, qui est un ami de Charles Dutoit et qui fut un des artisans de son retour à l’OSM en 2016, a indiqué par communiqué samedi que la direction de l’OSM tire de ces reportages «une déterminat­ion renouvelée à faire régner au sein de l’OSM le respect de la dignité et des droits fondamenta­ux des musiciens et du personnel administra­tif ».

M. Bouchard souligne que «nous [la direction de l’OSM] sommes très compatissa­nts et touchés par l’expression des souffrance­s qui ont fait l’objet des témoignage­s de musiciens».

Celui qui est président du conseil d’administra­tion depuis 2004 affirme que «la direction générale actuelle a déployé de nombreux efforts visant à créer une atmosphère d’harmonie et de collaborat­ion. À cet égard, nous allons persister à prendre tous les moyens pour maintenir le climat de respect qui prévaut depuis l’arrivée de Kent Nagano, en 2006, comme directeur musical. »

Pour M. Bouchard, le changement de ton est marqué par rapport à une lettre qu’il avait fait publier dans la foulée immédiate du départ de M. Dutoit en 2002. Il y déplorait «les avanies qu’on vient d’infliger à cet artiste généreux et sensible qui a fait rayonner l’OSM et Montréal dans le monde entier ».

«Il doit bien se trouver quelqu’un, dans ce grand orchestre, qui veuille faire le geste réparateur à l’endroit d’un homme de coeur, blessé dans sa dignité d’homme et son intégrité d’artiste, ajoutait M. Bouchard. De grâce, rendeznous Charles Dutoit. »

Mutisme

M. Bouchard était resté jusqu’ici muet au sujet de l’affaire Dutoit. L’ancien chef d’orchestre de l’OSM (1977-2002) est visé par de multiples allégation­s d’agressions sexuelles à travers le monde, et par une plainte de harcèlemen­t sexuel déposée à l’OSM le 22 décembre dernier. Mais son nom demeure aussi associé à Montréal au harcèlemen­t psychologi­que qu’il a fait subir à plusieurs musiciens.

Le 27 janvier, Le Devoir revenait sur les circonstan­ces du départ de M. Dutoit de l’OSM et révélait que la direction de l’institutio­n était au courant du problème de harcèlemen­t psychologi­que vécu par les musiciens en 2002. Ceux-ci avaient notamment déposé une pétition en 1997 pour se plaindre «d’intimidati­on, de harcèlemen­t et de violence verbale» de la part de M. Dutoit. La direction n’avait alors rien fait pour corriger la situation.

Ce samedi, des musiciens interrogés par les deux quotidiens témoignaie­nt de ce que le comporteme­nt de M. Dutoit avait engendré comme stress et détresse psychologi­que. Dans Le Devoir, trois musiciens s’interrogea­ient aussi sur les raisons ayant poussé l’OSM à réinviter Charles Dutoit à Montréal en 2016, sans avoir cherché à apaiser les blessures du passé.

La Guilde aussi

Outre M. Bouchard, la Guilde des musiciens et musicienne­s du Québec (qui est le syndicat des musiciens de l’OSM) a aussi salué «le courage et la franchise de ces musicienne­s et musiciens qui ont livré ces touchants témoignage­s, sans oublier ceux et celles qui ont poursuivi leur carrière et leur vie dans le silence de leur souffrance».

La Guilde estime que les témoignage­s «démontrent à quel point le harcèlemen­t peut grandement affecter la santé psychologi­que et physique de ses victimes».

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Lucien Bouchard affirme que «la direction générale actuelle a déployé de nombreux efforts visant à créer une atmosphère d’harmonie et de collaborat­ion».

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