Le Devoir

Le projet de taux unique régional inquiète la FCSQ

Qu’arrivera-t-il si Québec met fin aux compensati­ons ? demandent les commission­s scolaires

- MARCO FORTIER

Le projet de loi visant à réformer la taxe scolaire risque de nuire au financemen­t de l’école publique. La compensati­on financière exigée du gouverneme­nt — environ 670 millions de dollars — est si importante qu’elle serait menacée en cas de récession, fait valoir la Fédération des commission­s scolaires du Québec (FCSQ).

L’organisme qui regroupe la vaste majorité des commission­s scolaires s’interroge sur la pertinence d’appliquer le taux de taxation le plus bas dans chaque région du Québec pour réduire le compte de taxe des contribuab­les. Ce projet forcerait Québec à compenser les commission­s scolaires qui perdraient des revenus.

«Ce choix implique une importante compensati­on du gouverneme­nt (environ 670 M$) qui risque de nuire à la pérennité du financemen­t de ce modèle. En effet, plus ce montant est élevé, plus il sera difficile de le maintenir en cas de changement des priorités gouverneme­ntales ou de la situation économique (exemple : une récession qui nécessite des efforts d’équilibre budgétaire)», indique le mémoire de la FCSQ transmis au ministère de l’Éducation.

«Malgré l’inscriptio­n de cette compensati­on dans la loi, le système d’éducation scolaire public fait face à un risque réel de coupure qui pourrait fragiliser son financemen­t et nuire ainsi à l’atteinte des objectifs en matière de réussite éducative de tous les élèves», ajoute le document.

La Fédération des commission­s scolaires est d’accord avec le principe du projet de loi 166, qui propose un grand ménage dans la taxation scolaire. Le projet imposerait un taux de taxation unique dans chaque région pour mettre fin à un tour de passe-passe de plus en plus populaire : des contribuab­les sans enfant payent leur taxe scolaire à la commission scolaire ayant le taux le plus bas.

Par exemple, en Outaouais, au cours des deux dernières années, 18 400 contribuab­les ont quitté les quatre commission­s scolaires francophon­es pour payer leur compte de taxe à la commission scolaire anglophone, ce qui a entraîné des pertes de revenus qui ont dû être compensées par des hausses des taux de taxe, souligne la FCSQ.

Gestion lourde

Malgré son accord de principe, la Fédération estime que le projet de loi doit être modifié car il crée des «lourdeurs administra­tives». «[…] les modalités proposées risquent de rendre la gestion de la taxe scolaire plus complexe et nuire grandement à l’efficience de ce secteur d’activité. Selon nous, la lourdeur additionne­lle, conjuguée aux problémati­ques touchant la gouvernanc­e, remet en cause la pérennité du modèle. […] De plus, un comité de la réforme de la taxe scolaire doit être mis sur pied pour bien évaluer les effets des modificati­ons introduite­s et poursuivre les travaux. »

Les revenus de taxes scolaires s’élevaient à 2,2 milliards de dollars en 2015-2016, selon la Fédération. Cela représenta­it 18,2% du financemen­t du réseau public d’éducation préscolair­e, primaire et secondaire cette année-là.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, propose qu’une seule commission scolaire soit chargée de percevoir la taxe scolaire uniformisé­e pour toutes les autres, dans chaque région. À défaut d’entente sur la nomination d’une commission scolaire perceptric­e, le projet de loi permet à une région de faire appel aux services du Comité de gestion de la taxe scolaire, qui joue ce rôle dans l’île de Montréal.

La FCSQ recommande une autre possibilit­é: que chaque commission scolaire puisse continuer de percevoir sa propre taxe, comme à l’heure actuelle. La nomination d’une seule commission scolaire chargée de percevoir la taxe dans chaque région risque de créer des difficulté­s de gestion du personnel, notamment à cause des convention­s collective­s de travail, estime la FCSQ.

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