Le Devoir

« Climat de méfiance » au sein de l’UPAC

Un document interne révèle une ambiance toxique au service des enquêtes

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

L’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) a levé le voile en janvier sur les «problèmes récurrents en matière d’organisati­on du travail » au sein de son service de vérificati­on, et voilà qu’elle révèle que son service des enquêtes a été gangrené par de la jalousie, de la rivalité et un «climat général de méfiance ».

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, s’est résigné mardi à rendre public l’état de situation du Bureau des enquêtes sur la corruption de l’UPAC que lui réclamaien­t les partis d’opposition depuis des mois.

Le document a été produit par une employée de la Sûreté du Québec (SQ), Karine Martel, en réponse à des signalemen­ts d’employés de l’UPAC qu’elle a rencontrés à l’automne 2016.

« Rôles et responsabi­lités seraient peu définis», «climat général de méfiance et de surveillan­ce entre collègues de travail » et « recherche de bouc émissaire de la part des gestionnai­res, qui dénigrent les employés devant leurs collègues ou lors de réunions» font partie des constats que la spécialist­e des ressources humaines a dressés.

Rapport secret

Jusqu’ici, la SQ, l’UPAC et le ministre Coiteux s’opposaient à la divulgatio­n de l’état de situation produit par Karine Martel, sous prétexte qu’il ne constituai­t pas un document of ficiel.

Or, il appert désormais que celui-ci a été accompagné d’un rapport en bonne et due forme, selon les informatio­ns fournies mardi par le cabinet du ministre Coiteux.

Ce rapport demeurera cependant secret, parce que les rencontres avec les enquêteurs de l’UPAC ont été faites de manière confidenti­elle.

Le document préparé par Karine Martel est le deuxième à plonger l’UPAC dans l’embarras en raison du climat qui prévaut au sein de ses troupes. En janvier, un rapport portant sur le Service de vérificati­on de l’intégrité des entreprise­s de l’unité policière a révélé que celui-ci a connu des «problèmes récurrents en matière d’organisati­on du travail» et un «taux de départs volontaire­s qui est demeuré élevé depuis les débuts du ser vice ».

En parallèle, les relations de travail au sein de l’UPAC ont aussi alimenté, la semaine dernière, les débats précédant l’ouverture du procès des ex-ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté.

Crise de larmes, «source» patronale chez les employés et circulatio­n d’une caricature du grand patron: des employés actuels et passés de l’UPAC ont évoqué une ambiance pourrie au sein de l’unité, qui doit devenir un corps de police indépendan­t en vertu du projet de loi 107 présenté par le ministre Coiteux.

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