Le Devoir

Le bitcoin : « une bulle, un montage Ponzi et un désastre environnem­ental »

Le patron de la Banque des règlements internatio­naux exhorte les autorités à réagir

-

Francfort — Le patron de la Banque des règlements internatio­naux (BRI), la banque centrale des banques centrales, a qualifié mardi le bitcoin de bulle spéculativ­e et appelé les autorités à agir pour protéger la confiance dans le système financier.

Alors que les développeu­rs du bitcoin poursuiven­t le but de créer un système de paiement alternatif sans implicatio­n des pouvoirs publics, cette cryptomonn­aie «devient à la fois une bulle, un montage Ponzi et un désastre environnem­ental», a prévenu Agustin Carstens, directeur général de la BRI, lors d’une conférence à Francfort. M. Carstens a invité les autorités à faire preuve de vigilance, car les cryptomonn­aies peuvent miner la confiance du public dans le système financier.

Comme le bitcoin, les cryptomonn­aies sont en réalité des actifs «purement spéculatif­s» avec des valorisati­ons «très volatiles», a rappelé le banquier central.

Les cryptomonn­aies ont bénéficié l’an dernier d’une clémence des autorités, alors que leur technologi­e offre un exemple à suivre pour réduire les coûts élevés des transactio­ns financière­s. Or, au vu de la fonte de valeur du bitcoin — la reine des monnaies virtuelles — d’un sommet de près de 20 000$US en décembre à moins de la moitié ces derniers jours, avec au passage de fortes fluctuatio­ns quotidienn­es, les régulateur­s se sont fait plus critiques.

La Chine envisage ainsi de renforcer son contrôle des cryptomonn­aies et de porter un coup très dur aux transactio­ns réalisées dans le pays.

Selon M. Carstens, la volatilité des cryptomonn­aies mine leur utilité pour les transactio­ns et comme unité de valeur, pendant qu’elle ouvre un boulevard aux criminels pour blanchir l’argent sale. «Si le seul [modèle d’activité] est l’utilisatio­n pour des transactio­ns illicites ou illégales, les banques centrales ne peuvent pas permettre à ces jetons numériques de s’appuyer sur la même infrastruc­ture qui sert le système financier global et sur la confiance que celle-ci procure», a prévenu M. Carstens. C’est pourquoi, selon lui, les banques centrales doivent «être prêtes à intervenir si nécessaire».

Côté privé, la banque britanniqu­e Lloyds Banking Group a annoncé lundi qu’elle avait interdit les achats de bitcoins par ses clients munis de carte de crédit, suivant l’exemple de plusieurs grandes banques américaine­s qui craignent des problèmes d’endettemen­t. Selon M. Carstens, les autorités sont déjà en train de se rapprocher en vue de «contenir les risques liés aux cryptomonn­aies».

À la mi-janvier, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et son homologue allemand, Peter Altmaier, ont affirmé qu’il voulaient réguler le bitcoin et annoncé que les deux pays présentera­ient des propositio­ns communes en vue du G20 Finances en mars.

 ?? JACK GUEZ AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Selon Agustin Carstens, la volatilité des cryptomonn­aies mine leur utilité pour les transactio­ns et comme unité de valeur, pendant qu’elle ouvre un boulevard aux criminels pour blanchir l’argent sale.
JACK GUEZ AGENCE FRANCE-PRESSE Selon Agustin Carstens, la volatilité des cryptomonn­aies mine leur utilité pour les transactio­ns et comme unité de valeur, pendant qu’elle ouvre un boulevard aux criminels pour blanchir l’argent sale.

Newspapers in French

Newspapers from Canada