Le Devoir

Trois militants pro-démocratie évitent la prison

- ELAINE YU à Hong Kong

Trois figures du mouvement pro-démocratie de Hong Kong ont remporté mardi un appel contre leur condamnati­on à la prison devant la plus haute juridictio­n de l’ex-colonie britanniqu­e, dans une affaire considérée comme un test de l’indépendan­ce de la justice face à Pékin.

Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow ont cependant prévenu que l’heure n’était pas aux célébratio­ns. La liberté de pensée et d’expression est toujours menacée dans le territoire revenu en 1997 dans le giron de Pékin, ont-ils souligné.

M. Wong, 21 ans, devenu le visage de «la révolte des parapluies» de l’automne 2014, et ses coprévenus avaient été condamnés en août à des peines allant de six à huit mois d’incarcérat­ion.

Cette condamnati­on faisait suite à un appel du ministère public, qui demandait des peines plus lourdes que celles décidées en première instance, en l’occurrence des travaux d’intérêt général et du sursis.

Tous trois avaient été libérés sous caution quelques semaines plus tard, le temps de l’examen de leur pourvoi final devant la Cour d’appel, qui est la plus haute juridictio­n hongkongai­se.

Le juge Geoffrey Ma a souligné que le trio avait été condamné à des peines «significat­ivement plus lourdes» que les sentences généraleme­nt infligées dans les affaires de rassemblem­ent illégal.

En prenant en compte l’idéalisme des prévenus, leur jeunesse et le fait que leur casier était vierge, le tribunal de première instance avait rendu un jugement approprié, a estimé le juge Ma.

«

En vertu de ce jugement, d’autres militants pourront être enfermés. Ce n’est pas l’heure des félicitati­ons célébratio­ns.» ou des L’activiste hongkongai­s Joshua Wong

Mouvement de masse

Tous trois avaient été condamnés pour leur rôle dans un rassemblem­ent le 26 septembre 2014. Les manifestan­ts avaient escaladé des barrières métallique­s et étaient entrés dans Civic Square, une place située dans un complexe gouverneme­ntal.

Cette action avait déclenché des manifestat­ions plus importante­s; et deux jours plus tard débutait le mouvement pro-démocratie de masse, quand la police avait tiré du gaz lacrymogèn­e dans la foule qui s’était protégée à l’aide de parapluies.

Pendant plus de deux mois, des centaines de milliers de Hongkongai­s avaient paralysé des quartiers entiers de la mégapole pour réclamer l’instaurati­on d’un véritable suffrage universel. Mais Pékin n’avait pas reculé d’un pouce.

Pas le coeur à la fête

D’après les termes de l’accord sino-britanniqu­e sur la rétrocessi­on, Hong Kong jouit de libertés inconnues en Chine continenta­le, en théorie jusqu’en 2047.

Beaucoup ont cependant le sentiment que ces libertés s’érodent et craignent que Pékin soit en train de renier cet accord.

L’appel du ministère public n’avait fait que conforter l’impression que la Chine, particuliè­rement courroucée par l’émergence d’une nouvelle catégorie de militants réclamant l’indépendan­ce, exerce une influence croissante sur le territoire.

En donnant raison aux militants, le juge Ma a cependant estimé que les manifestan­ts devaient être dissuadés de participer à des rassemblem­ents illégaux accompagné­s de violences.

«En vertu de ce jugement, d’autres militants pourront être enfermés, a aussitôt réagi Joshua Wong. Ce n’est pas l’heure des félicitati­ons ou des célébratio­ns. »

Joshua Wong pourrait retourner rapidement derrière les barreaux dans une autre affaire liée à l’immense mouvement pro-démocratie, et dans laquelle il a été libéré sous caution.

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