Comment tirer son épingle du jeu ?
Les entreprises culturelles devraient elles-mêmes s’outiller pour mieux positionner leur contenu sur le Web
Pour avoir plus de chance de voir leurs créations trouver un public dans l’océan de choix qu’offre le Web, les entreprises culturelles bénéficieraient de compter dans leurs rangs des ressources expertes dans le numérique.
C’est un des constats qui s’est dégagé d’une activité sur la «découvrabilité» organisée mardi au Centre Phi par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et l’Association des producteurs d’expériences numériques (Xn Québec). Comment faire, se demandait donc l’industrie, pour que ses clips, ses films, ses chansons soient vus et entendus?
«Ça dépend de la structure d’entreprise, mais c’est bien d’avoir une personne en interne pour gérer la stratégie numérique et la déployer avec les différents partenaires», expliquait Nicola Navratil, consultant en marketing numérique. Ainsi, les producteurs, diffuseurs et autres créateurs du monde de la culture pourraient entre autres faire de meilleurs choix de partenaires extérieurs, et espérer que les contenus soient visionnés par le plus grand nombre d’internautes possible.
Il y a actuellement «un enjeu de formation», complète Nellie Brière, consultante en stratégie de communications numériques et ancienne de Radio-Canada et du Devoir. «Il faut augmenter la littératie numérique dans les équipes de communication, dit-elle. L’industrie pourrait se doter de certaines formations.» D’autant qu’en développant les compétences en interne, les entreprises culturelles pourraient épargner des sous, ajoute Mme Brière.
Amplifier
L’enjeu de la découvrabilité des contenus inquiète et stimule les entreprises culturelles. Laurent Guérin, viceprésident du contenu et du numérique au Groupe TFO, estime qu’il doit se faire un travail «d’amplification», de stimulation autour de ce qui est mis en ligne.
« Il faut voir l’amplification comme un champ de bataille, c’est la guerre ! Chaque jour […] à toutes les minutes, nous sommes confrontés à des milliers de contenus» sur Facebook, YouTube et autres plateformes.
Et selon M. Guérin, cette lourde tâche est «l’affaire de tous, lors de toutes les phases d’un projet. Arrêtons de dire que c’est le rôle du marketing et des communications».
Idée que confirme Josée Plamondon, bibliothécaire spécialiste des bases de données et des métadonnées, en parlant de «décentralisation». «Il faut accepter que sur un projet, on puisse avoir la collaboration et la contribution de la personne à qui on ne penserait pas s’adresser pour avoir son avis », donnant en exemple certaines petites entreprises qui tiennent des dîners où tous sont invités à échanger.
Les métadonnées
Différentes pistes pour une plus grande découvrabilité ont été abordées mardi, comme le fait de mieux penser le contenu en amont et de l’arrimer aux recherches fréquentes sur les moteurs de recherche ou aux mots-clics populaires.
Mais là où le bât blesse souvent, c’est dans la qualité et la quantité des métadonnées qui sont arrimées aux contenus, estime Josée Plamondon. Elle soupire de voir encore des vidéos culturelles, des bandes-annonces ou des musiques coiffées des titres approximatifs, et où ne sont mentionnés ni les créateurs ou les genres.
«Il est important d’avoir une culture de la donnée pour comprendre la valeur de ce qu’on a créé, pour avoir une nouvelle portée dans ce domaine numérique là. »