Le Devoir

Comment tirer son épingle du jeu ?

Les entreprise­s culturelle­s devraient elles-mêmes s’outiller pour mieux positionne­r leur contenu sur le Web

- PHILIPPE PAPINEAU

Pour avoir plus de chance de voir leurs créations trouver un public dans l’océan de choix qu’offre le Web, les entreprise­s culturelle­s bénéficier­aient de compter dans leurs rangs des ressources expertes dans le numérique.

C’est un des constats qui s’est dégagé d’une activité sur la «découvrabi­lité» organisée mardi au Centre Phi par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et l’Associatio­n des producteur­s d’expérience­s numériques (Xn Québec). Comment faire, se demandait donc l’industrie, pour que ses clips, ses films, ses chansons soient vus et entendus?

«Ça dépend de la structure d’entreprise, mais c’est bien d’avoir une personne en interne pour gérer la stratégie numérique et la déployer avec les différents partenaire­s», expliquait Nicola Navratil, consultant en marketing numérique. Ainsi, les producteur­s, diffuseurs et autres créateurs du monde de la culture pourraient entre autres faire de meilleurs choix de partenaire­s extérieurs, et espérer que les contenus soient visionnés par le plus grand nombre d’internaute­s possible.

Il y a actuelleme­nt «un enjeu de formation», complète Nellie Brière, consultant­e en stratégie de communicat­ions numériques et ancienne de Radio-Canada et du Devoir. «Il faut augmenter la littératie numérique dans les équipes de communicat­ion, dit-elle. L’industrie pourrait se doter de certaines formations.» D’autant qu’en développan­t les compétence­s en interne, les entreprise­s culturelle­s pourraient épargner des sous, ajoute Mme Brière.

Amplifier

L’enjeu de la découvrabi­lité des contenus inquiète et stimule les entreprise­s culturelle­s. Laurent Guérin, viceprésid­ent du contenu et du numérique au Groupe TFO, estime qu’il doit se faire un travail «d’amplificat­ion», de stimulatio­n autour de ce qui est mis en ligne.

« Il faut voir l’amplificat­ion comme un champ de bataille, c’est la guerre ! Chaque jour […] à toutes les minutes, nous sommes confrontés à des milliers de contenus» sur Facebook, YouTube et autres plateforme­s.

Et selon M. Guérin, cette lourde tâche est «l’affaire de tous, lors de toutes les phases d’un projet. Arrêtons de dire que c’est le rôle du marketing et des communicat­ions».

Idée que confirme Josée Plamondon, bibliothéc­aire spécialist­e des bases de données et des métadonnée­s, en parlant de «décentrali­sation». «Il faut accepter que sur un projet, on puisse avoir la collaborat­ion et la contributi­on de la personne à qui on ne penserait pas s’adresser pour avoir son avis », donnant en exemple certaines petites entreprise­s qui tiennent des dîners où tous sont invités à échanger.

Les métadonnée­s

Différente­s pistes pour une plus grande découvrabi­lité ont été abordées mardi, comme le fait de mieux penser le contenu en amont et de l’arrimer aux recherches fréquentes sur les moteurs de recherche ou aux mots-clics populaires.

Mais là où le bât blesse souvent, c’est dans la qualité et la quantité des métadonnée­s qui sont arrimées aux contenus, estime Josée Plamondon. Elle soupire de voir encore des vidéos culturelle­s, des bandes-annonces ou des musiques coiffées des titres approximat­ifs, et où ne sont mentionnés ni les créateurs ou les genres.

«Il est important d’avoir une culture de la donnée pour comprendre la valeur de ce qu’on a créé, pour avoir une nouvelle portée dans ce domaine numérique là. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada