Le Devoir

LES GILBERT ROZON REGRETS DE Le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, a nié publiqueme­nt pour la première fois mercredi les allégation­s d’agressions sexuelles portées contre lui. L’homme, qui était devant le tribunal pour régler un litige commercia

- AMÉLI PINEDA

Le fondateur du Groupe Juste pour rire, Gilbert Rozon, a clamé son innocence mercredi lors de sa première apparition publique depuis qu’il a été ciblé par des allégation­s d’agressions sexuelles révélées par Le Devoir et le 98,5 FM.

«Je les réfute [les allégation­s] et j’espère qu’on vit encore dans une société qui favorise et qui privilégie la présomptio­n d’innocence», a déclaré M. Rozon à sa sortie du palais de justice, après avoir témoigné dans le cadre du litige qui oppose le Groupe Juste pour rire et Québecor Média.

Arrivé en matinée, M. Rozon s’est terré presque toute la journée dans un cubicule adjacent à la salle d’audience.

C’est la première fois que M. Rozon commente publiqueme­nt les témoignage­s de présumées victimes qui ont fait état d’inconduite­s sexuelles de sa part sur une période qui s’échelonne sur trois décennies.

«Je suis désolé si quelqu’un a pu se sentir offensé par un propos déplacé», a-t-il lancé en se dirigeant vers son véhicule alors qu’une journalist­e de TVA Nouvelles le suivait.

Lorsqu’on lui a demandé s’il s’excusait également pour des «gestes», il a repris son souffle avant de déclarer: «Je n’ai jamais fait l’amour à quelqu’un si une personne a dit non, jamais. »

M. Rozon a ajouté qu’il s’interrogea­it sur les «motivation­s» derrière «ces histoires-là».

«

Je n’ai jamais fait l’amour à quelqu’un si une personne a dit non, jamais Gilbert Rozon, fondateur du Groupe Juste pour rire

«Exécuté»

Même si son témoignage portait principale­ment sur le litige commercial qui oppose son entreprise à Québecor Média, M. Rozon est revenu à plusieurs reprises sur le scandale qui a éclaté à la suite du mouvement de dénonciati­on #MoiAussi.

«Il y a des allégation­s le matin, on est jugé à midi et exécuté en soirée », a lancé M. Rozon devant le tribunal, rapporte Le Journal de Montréal. Il a aussi déploré que «la présomptio­n d’innocence est partie d’un coup sec».

Québecor Média s’interpose dans la vente du Groupe Juste pour rire. Le 10 janvier, l’entreprise médiatique a déposé une demande d’injonction pour assurer le respect d’ententes qui lui donneraien­t la priorité d’achat en cas de vente.

Le Groupe Juste pour rire soutient de son côté que Québecor Média tente d’obtenir «par des tactiques déloyales et anticoncur­rentielles une position de force» dans les négociatio­ns en cours dans le but d’«acheter au rabais » les actions et actifs du groupe qui appartient encore à Gilbert Rozon.

«Hystérie médiatique»

L’homme d’affaires s’est dit peiné d’avoir dû vendre l’entreprise qu’il a fondée il y a 35 ans en raison de « l’hystérie médiatique » qui a suivi la révélation des témoignage­s de présumées victimes.

Sur sa page Facebook, qui est aujourd’hui fermée, M. Rozon avait pourtant annoncé la veille de la publicatio­n des révélation­s qu’il se retirait de ses diverses fonctions.

« J’annonce que je quitte dès maintenant mes fonctions de président du Groupe Juste pour rire, de commissair­e aux célébratio­ns du 375e de Montréal ainsi [que de] vice-président de la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain», avait-il écrit.

En plus de se dire «sincèremen­t désolé», il annonçait aussi qu’il allait se consacrer « à faire le point ».

En janvier, M. Rozon a annoncé son intention de contester le dépôt d’une demande d’action collective de 10 millions de dollars en dommage déposée par Les Courageuse­s.

Dans sa requête, le regroupeme­nt indique que M. Rozon «mérite la qualificat­ion de prédateur sexuel » et dit avoir identifié au moins 20 victimes qui ont été agressées ou harcelées sur une période d’une trentaine d’années, soit de 1982 à 2016.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR

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