Abolir les subventions aux écoles privées a un coût
Québec solidaire annonçait récemment vouloir mettre fin au financement public des écoles privées. Bien qu’on puisse être tout à fait d’accord avec l’objectif d’éliminer le réseau à deux vitesses créé par les subventions publiques aux écoles privées, il faut reconnaître que l’abolition des subventions au privé risque d’avoir un coût direct à court terme pour les finances publiques. En effet, sans subventions publiques, les droits de scolarité du réseau privé augmenteraient à environ 10 000$ par année, ce qui aurait pour effet de provoquer une ruée vers le ré- seau public. Or, dans le réseau public, l’État assume 100% des coûts de la formation des élèves, au lieu d’environ 60% pour un élève du réseau privé. Il est probable que le gouvernement doive investir davantage dans les infrastructures éducatives publiques si le nombre d’élèves augmente considérablement. Ainsi, le coût de l’abolition des subventions dépend du pourcentage d’élèves qui passent du réseau privé au réseau public à la suite de l’augmentation des droits de scolarité. Québec solidaire prévoit que la diminution complète des subventions aux écoles privées fera économiser 98 millions au Trésor québécois, argent qui serait ensuite réinvesti dans le réseau éducatif public. Pourtant, la seule étude sérieuse et non partisane réalisée sur le sujet au Québec prévoit que le scénario évoqué par QS, soit le passage de 50% des élèves du privé vers le public, coûterait environ 100 millions de dollars (en 2004) par année. C’est dans le scénario peu probable où plus de 75% des étudiants restaient au privé que l’abolition des subventions au privé serait fiscalement rentable à court terme pour le gouvernement.
En bref, abolir les subventions aux écoles privées est une solution courageuse, mais il importe que les partis politiques soient honnêtes et proposent de financer un réinvestissement en éducation de manière réaliste. Olivier Jacques Le 5 février 2018