Le Devoir

Bombardier pourra-t-elle livrer à temps les avions de Delta ?

Le transporte­ur américain s’attendait à recevoir ses appareils CSeries au printemps

- FRANÇOIS DESJARDINS

Se pourrait-il que Bombardier rate l’échéance prévue en avril pour la livraison des appareils CSeries auprès de Delta, le client américain sur lequel Boeing s’est basé pour déclencher sa guerre commercial­e? Selon le magazine spécialisé Aviation Week, référence en matière d’actualité aérospatia­le, voilà le scénario qui a été confirmé mercredi par un haut placé de Bombardier au salon aéronautiq­ue de Singapour.

«Le moment de nos livraisons à Delta aura un impact significat­if sur l’allure de la production en 2019», a dit le vice-président principal aux ventes de Bombardier Avions commerciau­x, Colin Bole, lors d’un entretien publié par Aviation Week.

Ces propos surviennen­t trois semaines après que Delta a reconnu la possibilit­é d’un retard dans le calendrier de livraison. La compagnie a dû investir dans l’entretien de certains appareils, comme le MD88, pour les garder un peu plus longtemps.

Selon des perspectiv­es diffusées en décembre 2017, la compagnie pense livrer cette année 40 appareils CSeries, qui sont assemblés à Mirabel. Son carnet de commandes prévoit pour l’instant 372 appareils.

Bombardier gère son «calendrier de livraisons de manière proactive, selon les besoins de ses clients», a indiqué par courriel un porte-parole, Simon Letendre. «Les négociatio­ns commercial­es entre Bombardier et ses clients sont de nature confidenti­elle. Quant aux livraisons d’avions CSeries, ce sera sans doute un des thèmes abordés à l’occasion de la diffusion de nos résultats du quatrième trimestre et de l’exercice 2018 le 15 février. »

Le contrat avec Delta, annoncé au début de 2016, porte sur une commande ferme pour 75 appareils CS100, le plus petit modèle de la famille CSeries. Au prix du catalogue, l’entente était évaluée à 5,6 milliards, quoique plusieurs observateu­rs aient mentionné que le prix final est d’ordinaire inférieur au prix suggéré.

Cette entente a été reprise par Boeing en 2017 pour alléguer que, si Bombardier a pu décrocher ce contrat avec Delta — et lui offrir des «prix dérisoires», selon l’expression utilisée par la compagnie de Seattle —, c’est grâce à l’appui financier des gouverneme­nts.

Pendant que les autorités américaine­s s’affairaien­t à traiter la plainte de Boeing, Bombardier a cédé 51% du programme CSeries à Airbus, grand rival européen de Boeing. Pour Bombardier, l’intégratio­n avec Airbus est la « priorité » ces jours-ci, a dit M. Boles.

Airbus compte construire une ligne d’assemblage sur ses terrains en Alabama, une manoeuvre tactique qui aurait pu, croit-elle, permettre

de contourner les droits tarifaires de 292% imposés sur les avions CSeries.

Construits aux États-Unis ou au Canada?

Cela dit, Delta n’aurait pas encore pris une décision quant à la possibilit­é de prendre livraison d’avions construits au Canada plutôt qu’à partir de la nouvelle ligne, a dit M. Bole à Aviation Week. Dès le feu vert officiel, la ligne en Alabama pourrait être en fonction dans un délai de 12 mois, selon lui.

Annoncés à la fin de 2017 par le départemen­t du Commerce américain, les droits ont été invalidés le mois dernier par la Commission internatio­nale du commerce des États-Unis (USITC), un revers cuisant pour Boeing.

Parmi les arguments présentés par les opposants à la plainte figure celui selon lequel Boeing n’a pas subi de préjudice puisque le constructe­ur ne fabrique aucun avion de la même taille que ceux de la CSeries et qu’aucun avion n’a encore été livré aux ÉtatsUnis.

 ?? RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE ?? La chaîne d’assemblage du CS100, à Mirabel, en 2015
RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE La chaîne d’assemblage du CS100, à Mirabel, en 2015

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