Le Devoir

Ottawa est prêt à aider l’industrie du papier

Ce soutien est une réaction aux tarifs punitifs imposés par les États-Unis

- PIERRE SAINT-ARNAUD

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, se dit prêt à venir en aide à l’industrie du papier journal pour atténuer les effets des droits compensate­urs imposés le mois dernier par le départemen­t du Commerce des États-Unis.

S’adressant, mercredi, aux participan­ts à la conférence internatio­nale pour la bioéconomi­e forestière qui se tient à Montréal cette semaine, il a également promis une lutte sans relâche devant l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) et par l’entremise de l’Accord de libre-échange nordaméric­ain (ALENA) contre ces mesures protection­nistes qu’il qualifie d’«injustes et injustifié­es». «Nous pensons bien l’emporter comme par le passé, mais nous savons aussi que, d’ici là, ce ne sera pas facile pour les familles et les collectivi­tés», a-t-il affirmé.

Le départemen­t du Commerce américain a annoncé au début de janvier qu’il imposait des droits compensate­urs préliminai­res variant de 0,65% à 9,93% aux producteur­s canadiens de papier non couché, dont le papier journal.

Comme pour le bois d’oeuvre

S’adressant à la presse à l’issue de son allocution, le ministre Carr a affirmé que son gouverneme­nt était tout à fait disposé à soutenir l’industrie et à s’asseoir avec ses représenta­nts pour discuter des mesures appropriée­s. Le ministre s’est montré ouvert à une approche globale similaire à celle privilégié­e pour l’industrie du bois d’oeuvre, frappée elle aussi de tarifs et de droits compensate­urs protection­nistes de la part des États-Unis.

Bien qu’il n’ait pas fermé la porte à l’octroi de nouveaux fonds, M. Carr a cependant précisé que son gouverneme­nt cherchait des manières de venir en aide au sous-secteur du papier « par l’entremise de son programme de soutien de 867 millions » accordé à l’industrie du bois d’oeuvre. «S’il y a d’autres façons dont nous pouvons les aider à mesure que les conditions changent, nous avons tout à fait l’intention d’explorer avec eux ce que pourraient être ces options», a-t-il tenu à préciser.

Le plan de soutien dans le secteur du bois d’oeuvre comprend notamment des garanties de prêt pour l’industrie, un accès à des programmes de travail partagé pour les employés, un financemen­t aux provinces pour soutenir les travailleu­rs, des investisse­ments dans des programmes d’innovation forestière et des programmes de soutien au développem­ent de nouveaux marchés.

25 usines touchées

Les droits imposés par les États-Unis découlent de la plainte de NORPAC, un petit producteur de l’État de Washington, dont l’usine compte environ 260 travailleu­rs. Son impact n’est pas négligeabl­e au Canada, où environ 25 usines de papier sont touchées; la majorité de ces usines se trouvent en Ontario et au Québec.

Dans le cas du Québec, la mesure touche de plein fouet dix usines appartenan­t aux papetières Résolu, Kruger et White Birch, qui comptent quelque 2000 travailleu­rs répartis dans plusieurs régions (Alma, Amos, Baie-Comeau, Bromptonvi­lle, Clermont, Gatineau, Québec, Rivière-du-Loup, Trois-Rivières).

Les mesures protection­nistes sont aussi très mal reçues aux États-Unis par l’industrie des journaux imprimés, qui peinent à survivre dans l’environnem­ent économique actuel où les géants du Web — notamment Google et Facebook — accaparent leurs revenus publicitai­res. L’imposition de droits se traduit nécessaire­ment par une augmentati­on du coût du papier journal aux États-Unis, et la News Media Alliance, qui représente 1100 journaux américains, s’inquiète des conséquenc­es sur l’emploi dans la presse écrite, déjà en crise.

Selon l’organisme, les augmentati­ons de prix causées par les tarifs forceront les éditeurs et imprimeurs à réduire leurs coûts et probableme­nt à procéder à des mises à pied.

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