Le Devoir

Une solution originale à imiter?

Les infirmière­s du Saguenay-Lac-Saint-Jean ne seront plus avisées au dernier moment des demandes de remplaceme­nt

- ISABELLE PORTER à Québec

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les infirmière­s et leurs patrons ont conclu mercredi une entente pour réduire le recours aux heures supplément­aires obligatoir­es. Un accord qui ne serait pas lié à l’ouverture affichée plus tôt cette semaine par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

«C’est un gain majeur», a déclaré en conférence de presse la présidente de la section locale de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ), Julie Bouchard. «C’est de l’oxygène pur qu’on vient donner à nos profession­nels en soins. »

Du côté patronal, on n’en est pas moins ravi. «On devrait avoir moins d’absences pour maladie, un personnel plus disponible, donc moins de lourdeur», a déclaré la p.-d.g. du centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux (CIUSSS), Martine Couture.

L’entente consiste essentiell­ement en une meilleure planificat­ion des horaires de remplaceme­nt. Désormais, les infirmière­s qui se font demander de faire du remplaceme­nt ne se feront plus aviser à la dernière minute.

L’employeur s’engage à garantir à celles qui le souhaitent des plages horaires à l’avance. Le syndicat s’attend à ce qu’au moins 70% de ses membres à temps partiel s’en prévalent. Adopté par 98 % des membres de la FIQ, cet accord touche 3200 infirmière­s réparties dans 62 établissem­ents (hôpitaux, CSSS, CHSLD, etc.).

L’entente a été conclue dans une négociatio­n distincte de celles qui concernent le renouvelle­ment de la convention collective qui tombe à échéance à l’automne.

«On n’a pas voulu attendre que la négociatio­n locale se termine parce qu’on a des problèmes maintenant», a expliqué Mme Couture.

À plus long terme, le CIUSSS espère mettre un terme à la pratique des heures supplément­aires obligatoir­es. «C’est la volonté », dit-elle.

L’an dernier seulement, son organisati­on a dû payer 126000 heures supplément­aires, soit 2,7 millions.

Mais l’entente conclue cette semaine ne règle pas tout. La question des ratios profession­nels-patients reste à clarifier au niveau national et le syndicat réclame toujours qu’on reconnaiss­e les compétence­s de leurs membres bachelière­s.

La direction du CIUSSS en a profité par ailleurs pour conclure une autre entente avec le syndicat de la CSN qui représente les préposés aux bénéficiai­res, les travailleu­rs des services alimentair­es, de la buanderie et de l’hygiène et salubrité.

Pas de lien avec l’interventi­on du ministre

Fait notable: ce règlement ne découlerai­t pas de la rencontre de mardi entre la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, et le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

«Ça faisait quand même longtemps qu’on faisait des travaux pour régler nos problèmes de débordemen­ts de lits et d’heures supplément­aires obligatoir­es, mais ça s’est intensifié la semaine dernière», a expliqué la p.-d.g. du CIUSSS.

Le processus s’est accéléré, dit-elle, à la suite d’une interventi­on des représenta­ntes du syndicat à la réunion du conseil d’administra­tion du CIUSSS le 24 janvier. «On a fait une cellule d’interventi­on spéciale à la suite de la présentati­on des représenta­nts syndicaux. […] Ça a donné des résultats assez rapidement. »

Au cabinet du ministre Barrette, on n’a pas voulu commenter. «C’est une décision locale, on n’a pas de commentair­e à faire», a répondu son attachée de presse Catherine Audet.

Pourquoi ne pas avoir réglé ça avant, dans ce cas ? Le CIUSSS était notamment réticent à faire le virage par crainte d’avoir des surplus de personnel, concède Mme Couture. L’entente prévoit d’ailleurs que d’éventuels surplus soient utilisés pour de la formation ou l’offre de congés. Une bonne chose, au dire de la présidente du syndicat, qui remarque que les demandes de congé étaient presque systématiq­uement refusées jusqu’à présent.

Un modèle pour ailleurs?

Reste à savoir si cette entente pourrait paver la voie à des déblocages dans d’autres régions. À la FIQ, on n’était pas en mesure de le prévoir jeudi.

Chose certaine, ce serait une bonne chose, a noté le porte-parole Manuel Dionne. «On espère que d’autres CIUSSS vont s’en inspirer», at-il dit en qualifiant l’entente de très « intéressan­te ».

Selon nos informatio­ns, au moins deux syndicats locaux d’infirmière­s ont reçu des appels de la direction de leur CIUSSS à la suite de la rencontre entre Mme Demers et le ministre plus tôt cette semaine.

L’employeur s’engage à garantir à celles qui le souhaitent des plages horaires à l’avance

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