Le Devoir

Pages Jaunes n’a pas fini de se serrer la ceinture

Les coupes effectuées le mois dernier n’étaient que la « première étape d’envergure » visant à atteindre l’équilibre, prévient le p.-d.g.

- JULIEN ARSENAULT

Le congédieme­nt de quelque 500 employés le mois dernier ne sera pas suffisant pour mettre fin au régime minceur actuelleme­nt en vigueur chez Pages Jaunes, prévient son président et chef de la direction, David Eckert.

Selon lui, cette restructur­ation, qui a fait fondre d’environ 18% l’effectif de l’entreprise, n’était que la « première étape d’envergure» visant à atteindre un équilibre entre les revenus et les dépenses de la société.

«Nous nous sommes penchés sur les dépenses comme priorité afin d’améliorer notre performanc­e», a expliqué M. Eckert jeudi, au cours d’une conférence téléphoniq­ue visant à discuter des résultats du quatrième trimestre. «Ce n’est jamais plaisant de procéder à de telles réductions.»

Celui qui a été nommé à son poste en septembre dernier a souligné aux analystes que, depuis 2012, les dépenses de Pages Jaunes sont demeurées stables alors que les revenus ont pratiqueme­nt plongé de moitié.

La transition numérique a été douloureus­e pour l’éditeur de l’annuaire Pages Jaunes, qui n’a pas vu son chiffre d’affaires croître depuis 2008. Il génère la majorité de ses recettes grâce à ses activités numériques, mais cela n’est pas suffisant pour contrebala­ncer le déclin du secteur imprimé.

Se disant bien au fait de cette situation. M. Eckert a affirmé aux analystes qu’il fallait d’abord réduire les coûts puisqu’il faudra encore du temps à son équipe pour établir une stratégie visant à générer de la croissance.

«Ce n’est pas en multiplian­t les compressio­ns que nous allons atteindre nos objectifs, at-il dit. Nous sommes en train d’évaluer quelles sont les stratégies et améliorati­ons que nous pouvons déployer pour générer des revenus. »

Néanmoins, a ajouté M. Eckert, l’approche doit être «équilibrée», ce qui, à son avis, justifie les efforts de réduction de dépenses actuelleme­nt mises en avant.

En plus de l’annuaire imprimé Pages Jaunes, la société — qui tente de rivaliser avec des géants numériques — est propriétai­re des marques numériques RedFlagDea­ls.com, Canada411.ca, 411.ca, Bookenda.com, DuProprio.com et ComFree.com.

Sans fournir de détails, M. Eckert a une fois de plus réitéré que toutes les options, y compris la vente de certaines activités jugées non essentiell­es, seraient étudiées afin de relancer la compagnie.

Importante­s charges

Quant à sa performanc­e au quatrième trimestre, Pages Jaunes a affiché une perte nette de 586,3 millions, ou 22,33$ par action, ce que l’entreprise a attribué à une charge de dépréciati­on de valeur de 507 millions.

À la même période l’an dernier, lorsque la compagnie avait inscrit une charge de 600 millions dans ses résultats, la perte avait été de 431,6 millions, ou 16,35 $ par action.

Pour la période de trois mois terminée le 31 décembre, la décroissan­ce des revenus s’est poursuivie. Le chiffre d’affaires a été de 183,8 millions, en recul de 9,32%. Les recettes des médias imprimés et des activités numériques ont reculé respective­ment de 22,6 % et de 2,3 %.

Même si le bénéfice d’exploitati­on ajusté a plongé de 18% pour s’établir à 46,9 millions, ce résultat a dépassé les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui anticipaie­nt 39 millions.

Par ailleurs, en raison des nombreux changement­s envisagés par la haute direction de Pages Jaunes, l’entreprise cessera de publier ses prévisions pour une «courte période» de temps, a indiqué M. Eckert.

«Je désire que toute l’équipe s’affaire à effectuer les changement­s nécessaire­s le plus rapidement possible plutôt que de passer du temps à faire des prédiction­s, a-t-il affirmé. Parfois, lorsqu’il y a des travaux sur une route, mieux vaut interdire la circulatio­n sur celle-ci.»

Dans l’ensemble, Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que les résultats trimestrie­ls de Pages Jaunes étaient «positifs» en dépit des nombreux défis qui se dressent devant la société.

«Nous demeurons toutefois prudents étant donné que les revenus demeurent sous pression», a expliqué l’analyste dans une note.

Pour l’exercice, la perte nette de Pages Jaunes s’est chiffrée à 589,3 millions, ou 22,32 $ par action, par rapport à 403,7 millions, ou 15,23$ par action, en 2016. Les revenus ont fléchi de 8,8 %, à 745,8 millions.

À la Bourse de Toronto, le titre de la compagnie se négociait à 6,83$ en mi-journée, en hausse de 12 ¢, ou 1,79 %.

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