Les faiseurs de télé crue n’ont rien inventé
On dit que la télé généraliste se fait de plus en plus audacieuse. À mon avis, non. De plus en plus racoleuse, ça oui ! Compétition oblige. Dans les années 1980-1990, Radio-Québec, aujourd’hui Télé-Québec, a présenté, les vendredis soir, au moins une cinquantaine de télédramatiques écrites audacieusement par une précurseure, Janette Bertrand, pour faire voler en éclats nombre de tabous, entre autres hérités de l’Église catholique. Si les réseaux sociaux avaient existé à cette époque, sûr qu’ils se seraient enflammés à plusieurs reprises; comme ce fut le cas à la suite de la présentation d’un viol collectif subi par Fanny la Fugueuse presque dans le coma.
Madame Bertrand a touché à peu près à toutes les réalités sociales grises de l’époque, toujours bien présentes aujourd’hui. Je me rappelle cette magistrale interprétation d’une femme alcoolique par la puissante Monique Miller et de son rejaillissement sur le reste de la famille. Je me souviens, toutes les fois que je revois Sylvie Léonard à la télé, de son rôle prégnant de réalisme d’une femme dominée et battue par un mari jaloux et cruel joué par Ghislain Tremblay. Puis cet épisode audacieux Le Petit Chaperon rouge, histoire d’un viol collectif subi par une Pascale pleinement consciente de son supplice.
Cela m’étonne que Manon Dumais, journaliste au Devoir, discutant de télé généraliste crue avec des spécialistes tels Pierre Barrette, Isabelle Pelletier, Stéfany Boisvert et Daniel Thibault, n’ait pas crû bon de citer l’oeuvre de Janette Bertrand dans le débat. Marcel Lapointe Jonquière, le 7 février 2018