Propriétaire plutôt que locataire.
L’acquisition des équipements ferroviaires permettra d’en assurer la pérennité publique
La Caisse de dépôt veut acheter des infrastructures de la gare Centrale.
Plutôt que d’être locataire de la gare Centrale, où son train électrique circulera, la Caisse de dépôt et placement du Québec a décidé de se porter acquéreur des équipements ferroviaires qui s’y trouvent.
La CDPQ a fait le point jeudi sur son projet de train électrique, qui porte désormais un nouveau nom: le Réseau express métropolitain (REM).
La nouvelle mouture du projet coûtera 6,3 milliards de dollars, soit 300 millions de plus que prévu, et comportera une station de moins, soit 26 au lieu de 27.
La Caisse a fait savoir qu’elle avait entrepris des pourparlers avec le CN afin de devenir propriétaire des infrastructures ferroviaires de la gare Centrale et du Viaduc du Sud, qui sont aussi utilisés par d’autres transporteurs, comme VIA Rail, le Réseau de transport métropolitain et Amtrak. Elle y voit une occasion d’affaires intéressante qui permettra d’assurer la pérennité publique de ces infrastructures.
La Caisse a ainsi créé une nouvelle filiale, InfraMtl.co, qui gérera ces actifs auxquels s’ajoutera le tunnel Mont-Royal, dont elle souhaite aussi devenir propriétaire. Elle soutient d’ailleurs qu’à terme, le REM pourrait cohabiter avec le train à grande fréquence (TGF) que souhaite mettre en service VIA Rail entre Québec et Montréal.
Des enjeux technologiques demeurent toutefois à régler, mais d’ici là, le TGF pourrait s’arrêter à la gare A40 pour que les passagers puissent monter à bord du REM et se rendre au centre-ville de Montréal, a-t-on expliqué jeudi. Certains travaux, comme le renforcement des rails, ont été entrepris pour préparer l’arrivée du TGF.
La Caisse n’a pas voulu dévoiler la valeur de ces infrastructures, dont les coûts ne sont pas inclus dans la facture de 6,3 milliards du projet.
Une station de moins
Le tracé du REM a aussi été revu. Ainsi, la Caisse a renoncé au tracé en tunnel dans le secteur de Griffintown pour privilégier un tracé en surface. Cette solution comporte plusieurs avantages, dont celui d’éviter la fermeture définitive de la rue Ottawa ainsi que la gestion de sols contaminés qui se trouvent dans le Parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles.
La Caisse maintient son intention de construire une station dans ce secteur et entend l’aménager conjointement avec la Ville de Montréal.
Le tracé a également été modifié dans le secteur de l’autoroute 13 pour longer le corridor ferroviaire existant du CN. Cette décision épargnera à la Caisse la construction d’un coûteux viaduc au-dessus de l’autoroute 13. Mais cette modification entraînera aussi la disparition de la station A13 dans ce secteur.
Tarifs et achalandage
Quant aux tarifs du REM, ils ne sont pas encore connus. Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, s’est cependant dit convaincu qu’ils demeureront bas afin de stimuler l’achalandage du réseau. Mais la décision de déterminer les tarifs reviendra à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), a-t-il rappelé.
Critiques
À Québec, les partis d’opposition ont exprimé de nombreuses réserves à l’égard du projet du REM. Ce projet est trop coûteux, estime le député péquiste Alain Therrien, qui doute qu’il s’agisse d’un investissement profitable aux Québécois. Il déplore aussi l’attitude du gouvernement, qui, ditil, semble applaudir au fait que Bombardier n’ait par obtenu le contrat des voitures du REM.
De son côté, le député de la CAQ dans Deux-Montagnes, Benoit Charette, estime que le gouvernement aurait dû exiger un minimum de contenu local pour le matériel roulant que fournira Alstom.
Co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois juge que le gouvernement de Philippe Couillard semble bien pressé de réaliser le REM, qui, souligne-t-il, bénéficiera essentiellement aux circonscriptions libérales.