Le Devoir

Propriétai­re plutôt que locataire.

L’acquisitio­n des équipement­s ferroviair­es permettra d’en assurer la pérennité publique

- JEANNE CORRIVEAU

La Caisse de dépôt veut acheter des infrastruc­tures de la gare Centrale.

Plutôt que d’être locataire de la gare Centrale, où son train électrique circulera, la Caisse de dépôt et placement du Québec a décidé de se porter acquéreur des équipement­s ferroviair­es qui s’y trouvent.

La CDPQ a fait le point jeudi sur son projet de train électrique, qui porte désormais un nouveau nom: le Réseau express métropolit­ain (REM).

La nouvelle mouture du projet coûtera 6,3 milliards de dollars, soit 300 millions de plus que prévu, et comportera une station de moins, soit 26 au lieu de 27.

La Caisse a fait savoir qu’elle avait entrepris des pourparler­s avec le CN afin de devenir propriétai­re des infrastruc­tures ferroviair­es de la gare Centrale et du Viaduc du Sud, qui sont aussi utilisés par d’autres transporte­urs, comme VIA Rail, le Réseau de transport métropolit­ain et Amtrak. Elle y voit une occasion d’affaires intéressan­te qui permettra d’assurer la pérennité publique de ces infrastruc­tures.

La Caisse a ainsi créé une nouvelle filiale, InfraMtl.co, qui gérera ces actifs auxquels s’ajoutera le tunnel Mont-Royal, dont elle souhaite aussi devenir propriétai­re. Elle soutient d’ailleurs qu’à terme, le REM pourrait cohabiter avec le train à grande fréquence (TGF) que souhaite mettre en service VIA Rail entre Québec et Montréal.

Des enjeux technologi­ques demeurent toutefois à régler, mais d’ici là, le TGF pourrait s’arrêter à la gare A40 pour que les passagers puissent monter à bord du REM et se rendre au centre-ville de Montréal, a-t-on expliqué jeudi. Certains travaux, comme le renforceme­nt des rails, ont été entrepris pour préparer l’arrivée du TGF.

La Caisse n’a pas voulu dévoiler la valeur de ces infrastruc­tures, dont les coûts ne sont pas inclus dans la facture de 6,3 milliards du projet.

Une station de moins

Le tracé du REM a aussi été revu. Ainsi, la Caisse a renoncé au tracé en tunnel dans le secteur de Griffintow­n pour privilégie­r un tracé en surface. Cette solution comporte plusieurs avantages, dont celui d’éviter la fermeture définitive de la rue Ottawa ainsi que la gestion de sols contaminés qui se trouvent dans le Parc d’entreprise­s de la Pointe-Saint-Charles.

La Caisse maintient son intention de construire une station dans ce secteur et entend l’aménager conjointem­ent avec la Ville de Montréal.

Le tracé a également été modifié dans le secteur de l’autoroute 13 pour longer le corridor ferroviair­e existant du CN. Cette décision épargnera à la Caisse la constructi­on d’un coûteux viaduc au-dessus de l’autoroute 13. Mais cette modificati­on entraînera aussi la disparitio­n de la station A13 dans ce secteur.

Tarifs et achalandag­e

Quant aux tarifs du REM, ils ne sont pas encore connus. Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, s’est cependant dit convaincu qu’ils demeureron­t bas afin de stimuler l’achalandag­e du réseau. Mais la décision de déterminer les tarifs reviendra à l’Autorité régionale de transport métropolit­ain (ARTM), a-t-il rappelé.

Critiques

À Québec, les partis d’opposition ont exprimé de nombreuses réserves à l’égard du projet du REM. Ce projet est trop coûteux, estime le député péquiste Alain Therrien, qui doute qu’il s’agisse d’un investisse­ment profitable aux Québécois. Il déplore aussi l’attitude du gouverneme­nt, qui, ditil, semble applaudir au fait que Bombardier n’ait par obtenu le contrat des voitures du REM.

De son côté, le député de la CAQ dans Deux-Montagnes, Benoit Charette, estime que le gouverneme­nt aurait dû exiger un minimum de contenu local pour le matériel roulant que fournira Alstom.

Co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois juge que le gouverneme­nt de Philippe Couillard semble bien pressé de réaliser le REM, qui, souligne-t-il, bénéficier­a essentiell­ement aux circonscri­ptions libérales.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Le premier ministre Philippe Couillard et le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, jeudi. La nouvelle mouture du REM coûtera 6,3 milliards de dollars, soit 300 millions de plus que prévu.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le premier ministre Philippe Couillard et le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, jeudi. La nouvelle mouture du REM coûtera 6,3 milliards de dollars, soit 300 millions de plus que prévu.

Newspapers in French

Newspapers from Canada