Le Devoir

Virée capitale à Québec, entre port et château

Un Château Frontenac festif, de la pêche blanche en milieu urbain, des émotions fortes à proximité

- CAROLYNE PARENT COLLABORAT­RICE LE DEVOIR À QUÉBEC

« Puisque nous ne pouvons exporter le paysage, nous importeron­s des touristes!» dit un jour sir William Cornelius Van Horne, président-directeur général du Canadien Pacifique. Pour appâter ces derniers, il fit ériger des palaces hôteliers dans les grandes villes desservies par le chemin de fer, et c’est ainsi que le Château Frontenac vit le jour à Québec, le 18 décembre 1893.

Dessiné par Bruce Price, érigé sur le site de l’ancien fort Saint-Louis fondé par Samuel de Champlain, le Château fut le premier hôtel en pierre d’Amérique du Nord, construit sur le modèle des châteaux de la vallée de la Loire, en France. « Depuis le début de son histoire, le Château a eu une vision évolutive, respectueu­se du patrimoine, mais intégrant des aspects modernes de l’époque», note Robert Mercure, directeur général du Fairmont Le Château Frontenac.

Ces époques, le Château les a admirablem­ent bien traversées. Et c’est précisémen­t de ses heures de gloire qu’il nourrit aujourd’hui sa légende. On se rappellera que, lors de la Seconde Guerre mondiale et des Conférence­s de Québec de 1943 et 1944, s’y rassemblèr­ent les chefs d’État des principaux pays alliés pour discuter de stratégies militaires. Ce n’est pas rien...

Le Château nouveau

Stars internatio­nales et têtes couronnées ont également fréquenté l’établissem­ent. En avril prochain, dans le cadre d’une cure de jouvence de 75 millions de dollars amorcée en 2014, plusieurs nouvelles suites seront d’ailleurs baptisées du nom de leurs illustres occupants, comme Grace Kelly, de la visite de laquelle on soulignera, en novembre, le cinquanten­aire, et Céline Dion. Pour l’heure, on peut notamment séjourner dans la

Au patinage de la place D’Youville et aux grandes glissades de la terrasse Dufferin s’ajoute, au port, une activité originale : la pêche blanche Le Château Frontenac est tellement beau qu’on déménage à Lévis pour mieux le voir ! RÉGIS LABEAUME

suite hommage à Alfred Hitchcock, où le cinéaste logea le temps de tourner I Confess, en 1952. (Verdict? Point de fenêtre sur cour ici et Rebecca l’aurait sûrement aimée!)

Pour Robert Mercure, le Château est plus qu’un hôtel, «c’est une icône, un symbole de notre culture». Et « il est tellement beau qu’on déménage à Lévis pour mieux le voir!» s’est exclamé, par vidéo interposée, le maire Régis Labeaume à l’occasion du gala du 125e anniversai­re, le 25 janvier dernier.

En passant, le Château a lancé un concours pour vous emprunter objets ou photos liés à l’établissem­ent (et il vous absout, du coup, d’avoir chipé petites cuillères et autres cendriers!). Ces artefacts seront utilisés dans le cadre d’une grande exposition.

Concerts, rendez-vous gastronomi­ques et autres événements spéciaux sont programmés tout au long de l’année, et nous y sommes tous conviés. «C’est le château des Québécois», souligne le sympathiqu­e directeur. Chose certaine, cette invitation est un beau prétexte, s’il en fallait un, pour renouer avec la féerie hivernale de Québec et de ses environs.

Une histoire de pêche

Au patinage de la place D’Youville et aux grandes glissades de la terrasse Dufferin s’ajoute, au port, une activité originale: la pêche blanche. Ici, point de cabanes sur la glace, plutôt des «igloos» gonflables où peuvent se réfugier les plus frileux.

«L’objectif, c’est de donner à la population de Québec l’accès au bassin Louise l’hiver, explique Jade Éva Côté, fondatrice du Village Nordik. Et l’idée a germé quand on a réalisé qu’on se trouvait dans un bassin avec une écluse qui se ferme.» Ne restait plus qu’à ensemencer le plan d’eau de 12 000 truites !

Lors de notre récent passage par moins 19°C, il y avait sur place des familles, des couples et des solitaires, amateurs comme pros de la ligne. Des guides pêcheurs sont d’ailleurs à dispositio­n pour percer les trous dans la glace et renseigner les novices.

Parlant de glace, à une trentaine de kilomètres de Québec, à Saint-Gabriel-de-Valcartier, l’Hôtel de glace est une oeuvre d’art à voir, à défaut d’avoir envie d’y dormir. Cette année, sous la houlette du directeur artistique Pierre L’Heureux, le thème de l’aménagemen­t des espaces publics et des 44 chambres est le cirque, et c’est particuliè­rement réussi.

L’Hôtel de glace est érigé sur le site du Village Vacances Valcartier, un centre récréatif pour tous axé, l’hiver, sur la glisse sur chambres à air et autres «bolides» d’enfer.

Mon bikini, mon raft des neiges

«On est sur la terre de mon grand-père — les jeunes du village venaient glisser ici dans les années 1960 —, puis mon père l’a rachetée et ça grossit depuis», raconte Mathieu Drouin, vice-président du Groupe Calypso-Valcartier.

Il faut dire que Guy Drouin était un vrai «patenteux», comme le rappelle son fils. Il a ainsi inventé la Tornade, un «vaisseau» qui tourne sur luimême à une vitesse constante en dévalant les pistes grâce à des bouts de rails de motoneige fixés à sa base!

L’immense centre de jeux d’hiver se décline en trois secteurs de glisse de calibres différents, totalise 39 collines et inclut une piste de patinage longue d’un kilomètre.

Inauguré en décembre 2016 en même temps que l’hôtel de 155 chambres et un spa doté d’une piscine intérieure et extérieure, le Bora Parc comprend différents bassins, glissades, jeux aquatiques et jusqu’à une vague de surf double. On y a particuliè­rement apprécié la chaleur tropicale…

«On vient au Village pour être ensemble en famille ou entre amis, et pour passer de –30 °C à 30 °C dans la même journée», dit M. Drouin. Avouons que c’est une propositio­n attrayante par les temps qui courent. Carolyne Parent était l’invitée du Fairmont Le Château Frontenac.

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Quelque 500 tonnes de glace et 30 000 tonnes de neige ont été nécessaire­s à la réalisatio­n de l’Hôtel de glace cette année. CAROLYNE PARENT
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 ??  ?? Au 1884, attachez votre tuque, on dévale les corridors de glace à environ 70 km/h ! FAIRMONT LE CHÂTEAU FRONTENAC
Au 1884, attachez votre tuque, on dévale les corridors de glace à environ 70 km/h ! FAIRMONT LE CHÂTEAU FRONTENAC
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