Le Devoir

Québec s’entend avec les médecins spécialist­es

- JOCELYNE RICHER à Québec

Le climat de tension entre Québec et les médecins spécialist­es semble chose du passé alors que les deux parties ont réussi à conclure une entente de principe vendredi, au terme d’un blitz de négociatio­ns intensives qui aura duré un peu plus d’un mois.

L’entente vise à fixer les conditions de pratique des 10 000 membres de la Fédération des médecins spécialist­es (FMSQ), à la lumière de l’applicatio­n des lois 20 et 130, pilotées par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et contestées depuis par la FMSQ, qui y voit une atteinte grave à ses droits.

L’annonce de l’entente de principe entre les deux parties a été faite par le cabinet du président du Conseil du trésor, qui a rendu public un communiqué laconique de quelques lignes en fin de journée.

Rien n’a filtré du contenu de l’entente, qui devra être entérinée par les membres de la fédération. Le négociateu­r du gouverneme­nt, Maurice Charlebois, avait le mandat de conclure une entente avant le 15 février.

Couillard calme le jeu

En décembre, le conflit ouvert entre la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, et le ministre Barrette avait failli tourner à la querelle judiciaire alors que l’organisme s’apprêtait à déposer une requête en Cour supérieure pour faire valoir ses droits de négocier ses conditions de pratique de la médecine.

Quelques heures à peine avant l’échéance, le premier ministre Philippe Couillard avait dû s’en mêler personnell­ement, cherchant à calmer le jeu et à éviter le recours aux tribunaux, en assurant la FMSQ que le ministre Barrette serait désormais écarté du dossier des négociatio­ns, une demande maintes fois formulée par la fédération.

Toute la question de l’accessibil­ité aux soins de santé était au coeur du litige, du côté gouverneme­ntal. Et toute la question du droit de négocier ses conditions de travail était déterminan­te du côté médical.

Le ministre Barrette menaçait d’appliquer la loi 20, qui prévoit d’importante­s pénalités financière­s, pouvant aller jusqu’à 30% de la rémunérati­on, si les médecins n’augmentent pas le nombre de patients traités. Les mesures punitives de la loi sont suspendues pour l’instant.

Selon Mme Francoeur, le ministre Barrette entretenai­t depuis des années un climat d’intimidati­on inacceptab­le avec le corps médical.

La loi 130 réduit quant à elle l’autonomie profession­nelle des médecins spécialist­es, donnant plus de pouvoir aux directions des hôpitaux pour contrôler leur emploi du temps, augmenter leur productivi­té et leur présence à l’hôpital, sous peine de sanctions.

La FMSQ crie victoire

Dans un bref communiqué, la présidente de la FMSQ a crié victoire. «La FMSQ a maintes fois réitéré sa volonté de négocier une entente portant sur la déterminat­ion des conditions de travail des médecins spécialist­es. Nous avons obtenu ce droit », a commenté Mme Francoeur.

Selon elle, cette entente est «en droite ligne avec les demandes et les orientatio­ns de nos membres, des présidents de nos associatio­ns médicales affiliées et de notre instance décisionne­lle, l’Assemblée des délégués».

Le revenu moyen des médecins spécialist­es du Québec a atteint 420 000 $ en 2015-2016.

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