Le Devoir

L’expérience et la fougue canadienne­s à l’oeuvre pour le podium

Le coup d’envoi est donné pour les Jeux de Pyeongchan­g, où un nombre inégalé d’athlètes représente­ra le Canada. En Corée du Sud, l’équipe canadienne compte à la fois sur des vétérans et de jeunes étoiles montantes, dans l’espoir d’atteindre le sommet du t

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Si on cherche une comparaiso­n permettant d’illustrer le choc des génération­s au sein de la délégation qui défendra les couleurs du Canada au cours des deux prochaines semaines, il suffit de s’intéresser au parcours des patineurs de vitesse sur courte piste Charles Hamelin et Samuel Girard.

Le premier n’a plus besoin de présentati­on. Trente-trois ans, quadruple médaillé olympique, il a déjà annoncé que les Jeux olympiques de Pyeongchan­g sont ses quatrièmes et derniers. Il vise par-dessus tout l’or au 1000 mètres, la seule distance individuel­le qui lui a jusqu’à maintenant échappé aux Olympiques, et un podium au relais, après la déconfitur­e de Sotchi.

Le second n’a que 21 ans et vivra sa première expérience olympique. Il collection­ne les podiums depuis quatre ans sur le circuit de la Coupe du monde et a dominé les sélections de l’équipe olympique canadienne en août dernier.

Les deux athlètes, cochambreu­rs pendant la saison, prendront part aux mêmes épreuves

(500 m, 1000 m, 1500 m et relais) et sont fréquemmen­t comparés l’un à l’autre en raison de leurs succès sur la glace et de leur style combinant puissance et endurance.

« Je sais que je vais avoir une dernière chance de briller sur la scène olympique, donc je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour être le mieux préparé possible et ramener de beaux souvenirs de ces Jeux-là», affirme Hamelin, qui n’a que de bons mots pour son coéquipier.

«Samuel, je dirais que c’est une meilleure version de moi au même âge, dit-il. Quand je suis arrivé dans l’équipe nationale, je n’étais pas aussi bon techniquem­ent, je n’étais pas aussi vite, je n’étais pas aussi fort que lui.»

« On a la même envie de gagner et d’être le meilleur. On a la même fougue», acquiesce Girard. Le jeune espoir compte se présenter au Palais des glaces de Gangneung sans se mettre trop de pression sur les épaules, bien conscient qu’aux Olympiques, tout peut arriver. «J’ai surtout appris qu’il faut y être pour comprendre, note-til. Le conseil que j’ai eu, c’est d’en profiter. »

«Il y a un équilibre entre le nouveau sang et ceux qui ont un peu plus d’expérience. C’est habituel au sein d’une délégation, mais ce qui est particulie­r cette année, c’est qu’on a la plus grosse délégation pour les Jeux d’hiver», explique la chef de mission de l’équipe olympique canadienne, Isabelle Charest, triple médaillée olympique en patinage de vitesse sur courte piste. L’athlète a décroché le bronze aux Jeux de Salt Lake City (2002) et de Nagano (1998) au relais et emporté la médaille d’argent dans la même discipline à ceux de Lillehamme­r (1994).

Grâce à l’ajout de nouvelles épreuves, le Canada compte 225 athlètes à Pyeongchan­g, comparativ­ement à 222 à Sotchi et 202 à Vancouver. Du lot, 119 en sont à leurs premiers Jeux et 46 ont déjà remporté une médaille olympique.

« On sait qu’on a eu des résultats en Coupe du monde et en Championna­ts du monde, donc on arrive ici pour se battre pour la première position au tableau des médailles», ajoute Mme Charest, sans chiffrer d’objectif précis.

Passer le flambeau

Le mélange de vétérans et de recrues varie selon les discipline­s, mais les cas intéressan­ts ne manquent pas. Chez les patineuses canadienne­s de courte piste, la triple médaillée olympique Marianne St-Gelais quittera la scène olympique après Pyeongchan­g en passant le flambeau à Kim Boutin, sur qui reposent de grands espoirs de médaille.

En ski de fond, tous les espoirs sont permis pour Alex

Harvey, qui a annoncé qu’il pourrait prendre sa retraite au printemps 2019, tandis qu’AnneMarie Comeau incarne une relève prometteus­e.

En patinage de vitesse longue piste, Denny Morrison, quatre fois médaillé olympique, prend part à ses quatrièmes Jeux après avoir subi un accident de moto et un accident vasculaire cérébral en 2015 et 2016, alors que Vincent De Haître, 23 ans, pourrait fort bien monter sur le podium.

Et en planche à neige, JaseyJay Anderson, 42 ans, participe à ses sixièmes Jeux olympiques d’hiver en slalom géant parallèle, un record canadien de longévité. Sur les pentes, il côtoiera la plus jeune athlète de toute la délégation canadienne : la spécialist­e de la demi-lune Elizabeth Hosking, 16 ans.

Cette jeune planchiste a participé à ses premiers Championna­ts du monde l’an dernier et la voilà déjà présente au plus grand rendez-vous sportif d’entre tous, se réjouit Catherine Parent, une entraîneus­e qui la suit depuis ses débuts. «Quand elle était petite, elle disait qu’elle voulait aller aux Jeux et gagner une médaille. Ça ne venait pas de nous, ça venait d’elle, se souvient-elle. C’est le début d’une belle carrière.»

Une «recrue» d’exception

Olivier Rochon, skieur en saut acrobatiqu­e, est à la fois un vétéran et un nouveau venu. Il participe cette année à ses premiers Jeux après avoir échoué à ses deux premières tentatives. Il a raté de peu la qualificat­ion pour Vancouver et a subi une déchirure du ligament croisé antérieur seulement trois mois avant Sotchi. Cette fois, ça y est: à 28 ans, il peut enfin vivre son rêve olympique.

«C’est mes premiers Jeux, mais ça fait 12 ans que je travaille pour y arriver. Je vais rester calme et terre à terre. Je me dis que ça va être comme une Coupe du monde avec un plus gros budget », lance-t-il.

Gonflé à bloc depuis sa troisième place lors de la Coupe du monde de Lake Placid le mois dernier, il n’a d’ailleurs pas l’intention de jouer les figurants. « Je veux vivre l’expérience olympique, mais je veux aussi vivre l’expérience du podium, insiste-t-il. On dit souvent que les athlètes qui en sont à leurs premiers Jeux veulent surtout vivre le moment sans trop se mettre de pression, mais je pense qu’après autant d’années, je peux vivre les deux en même temps.»

Le Canada compte 225 athlètes à Pyeongchan­g, contre 222 à Sotchi et 202 à Vancouver

C’est mes premiers Jeux, mais ça fait 12 ans que je travaille pour y arriver. Je me dis que ça va être comme une Coupe du monde avec un plus gros budget. Olivier Rochon, skieur en sauts acrobatiqu­es

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