Le buzz? quel buzz?
Sport et politique avancent en cordée depuis l’Antiquité. Ce n’est donc pas surprenant que les Jeux olympiques soient utilisés à des fins politico-diplomatiques, histoire de détendre un peu les légendaires tensions avec le régime totalitaire du Nord. Le jeune Coréen Min-Jun (un prénom d’emprunt), qui travaille pour le Comité organisateur, interviewé par Le Devoir, approuve ce rapprochement avec des bémols. « Je me réjouis que le gouvernement de la Corée et le président Moon tentent d’apaiser les tensions avec le Nord, écrit-il en entrevue par courriel. Mais si cela en vient à compromettre les performances de nos athlètes, comme dans le cas de l’équipe de hockey sur glace, je ne peux pas dire que je suis tout à fait d’accord. » Le jeune dans la vingtaine observe en plus une cassure générationnelle dans l’appréciation des Jeux qui débutaient vendredi soir. «Ceux qui ont fait l’expérience des Jeux olympiques de Séoul en 1988 sont plus favorables au nouvel événement », note-t-il tout en se disant incapable de savoir comment les opposants s’y prennent pour manifester leur mécontentement. «Il y a une différence entre les jeunes plus progressistes et les vieux attentistes, dit le professeur Frank Pons de l’Université Laval. J’ai observé une sorte de résignation des jeunes, qui ne se sentent pas plus menacés que nous par la Corée du Nord et qui sont plus rigides par rapport au pouvoir en Corée du Nord. Les vieux espèrent une réunification. Les jeunes sont beaucoup plus cyniques à cet égard. » Des sondages ont établi qu’un Coréen sur trois seulement se passionnerait pour les Jeux. Ce n’est pas le sentiment retenu par le professeur pendant ses séjours en Corée. «J’y suis allé plusieurs fois et on se retrouve dans un autre monde. Je suis allé en Chine, au Japon, et je trouve que les Coréens sont finalement très latins pour des Asiatiques. On y vit en profitant de la vie. Surtout, il ne faut jamais sous-estimer leur fierté nationale. Sitôt les Jeux commencés, cette fierté va s’exprimer. »