Esclavage moderne : gare à l’amalgame
Parler, au Québec, d’esclavage à propos des heures supplémentaires me semble nettement exagéré. C’est d’abord totalement irrespectueux envers la mémoire des victimes de l’esclavage, ancien ou moderne, et envers leurs personnes.
C’est aussi égoïste, lorsqu’on pense aux nombreuses personnes qui, dans tous les milieux de travail, font des heures supplémentaires rémunérées ou non.
Enfin, c’est oublier qu’aussi malheureuse que soit la situation générale des infirmières, auxquelles l’employeur, c’est sûr, doit du respect, leur situation individuelle est contrastée. Elles agissent dans un système en panne, qui manque à sa mission de soigner des patients, au prix de plus de 40 % du budget de l’État. Si on parle d’heures supplémentaires, il faut aussi parler d’absentéisme, de système de choix de vacances et généralement d’organisation du temps de travail, etc. […] Elles [les infirmières] ont aussi, collectivement, leur part de responsabilité dans le désastre qui dure depuis de nombreuses années.
Nous aimons et respectons nos infirmières. Elles font un travail extraordinaire, mais si peu efficace hélas (à cause de l’organisation). Il est temps, et la crise actuelle est une belle occasion d’amorcer un changement radical d’approche, qu’avec leurs gestionnaires et médecins elles s’organisent en pensant aux patients, pour mettre fin aux contraintes… des patients comme de chacun. Olivier Fichet Montréal, le 6 février 2018