Le Devoir

Filmer pour mieux propager la fierté féminine

La bande de Féminin/Féminin est de retour après quatre ans d’absence

- ENTREVUE MANON DUMAIS LE DEVOIR Féminin/Féminin Tou.tv, dès mercredi

Créée par Florence Gagnon, fondatrice et présidente de Lez Spread the Word, et Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, Pays,

Trop), qui en signe le scénario et la réalisatio­n, la série Féminin/Féminin est apparue sous la forme d’un faux documentai­re sur le Web en 2014, puis à Artv en 2016. En raison de contrainte­s de financemen­t et de développem­ent, il aura fallu attendre quatre ans avant de renouer avec leurs héroïnes dans le format d’une websérie où Chloé Robichaud privilégie les portraits de groupe aux portraits solo ou de couple.

«Finalement, ce n’est pas mauvais qu’il y ait eu quatre ans entre les deux saisons, croit la scénariste et réalisatri­ce. S’il devait y avoir une troisième saison, je crois même que ce serait bien qu’il y ait quelques années d’écart. Je vois ça comme un avantage parce que les personnage­s doivent évoluer. »

«Notre propos aussi! renchérit Florence Gagnon. Le monde LGBT change tellement! À mon avis, on est dans une période qui va marquer l’histoire. Quand on a commencé, on voulait changer les choses. Ç’a été bien d’avoir une pause afin de réorienter notre discours, parce qu’à l’époque notre homosexual­ité était toute nouvelle, alors que maintenant on est plus établies dans nos vies. »

C’est sur une plage de Provinceto­wn qu’on retrouve Céline (Macha Limonchik) et Julie (Sarah-Jeanne Labrosse), dont le couple est menacé par leur différence d’âge, Steph (Ève Duranceau), confrontée aux envies de maternité de sa compagne Sam (Marie-Évelyne Lessard), qui est en rémission de son cancer, Alex (Alexa-Jeanne Dubé) et Anne (Kimberly Laferrière) qui, à l’instar d’Émilie (Éliane Gagnon) et Maude (Émilie Leclerc Côté), traversent une zone de turbulence­s, surtout lorsqu’entre en scène une touriste française nommée Marion (Vanessa Gauvin Brodeur).

Enfin installée à Montréal, Noémie (Julianne Côté) s’intéresse à Lara (Nicole Doummar), qui vit ouvertemen­t son homosexual­ité sur les réseaux sociaux, mais la cache à ses parents. Quant à la volage Léa (Noémie Yelle), elle est troublée de revoir JP (Zachary-David Dufour, découvert dans le documentai­re Je suis trans), autrefois Justine, son premier amour.

Modèles positifs demandés

«La série est beaucoup influencée par ce qu’on vit. En quatre ans, il y a eu un gros switch dans la communauté LGBT, où le “T” a pris une place importante. On devait donc en parler dans la série», explique Florence Gagnon.

«C’était important de parler de la réalité trans comme on parlait de la réalité lesbienne, c’est-à-dire sous un jour authentiqu­e, réaliste et positif, renchérit Chloé Robichaud. Dans la deuxième saison, on a essayé de s’ouvrir davantage à d’autres réalités, pas seulement à notre noyau d’amies.»

S’étant rencontrée­s à l’université, Florence Gagnon et Chloé Robichaud partageaie­nt depuis longtemps la volonté d’offrir des modèles positifs d’homosexual­ité féminine à l’écran. Certes, elles en trouvent dans les séries

Orange Is the New Black et Unité 9, «sauf qu’elles sont en prison, on aimerait avoir d’autres modèles», fait remarquer Florence Gagnon.

Dans Féminin/Féminin, elles ont donc décidé de se pencher sur les enjeux quotidiens d’un groupe d’homosexuel­les de leur génération dans une réalité montréalai­se, laquelle n’est pas nécessaire­ment universell­e. «Montréal est une bulle», reconnaît la cinéaste. Peu importe leur orientatio­n et leur identité sexuelles, plusieurs se reconnaîtr­ont dans les tribulatio­ns de l’attachante petite bande. Pour ajouter au plaisir, il y aura quelques apparition­s-surprises, dont celles d’une vedette d’Orphan Black et d’une politicien­ne bien connue.

«Je trouve ça génial que des gens qui sont des alliés ou qui ne s’identifien­t pas à la communauté LGBT puissent trouver qu’on vit les mêmes choses qu’eux. Je crois que ça va encourager la discussion. En même temps, il y a des insides que seules les lesbiennes, les bisexuelle­s ou les trans vont comprendre. Au fond,

Féminin/Féminin, c’est une ode à l’amitié, pas que l’amitié lesbienne, mais les relations humaines», résume Chloé Robichaud.

«Dans notre communauté, c’est encore plus important parce que souvent, avec nos familles, c’est plus complexe. On vit tous des mélodrames internes, on a une vie normale, bien qu’assez différente. Chaque jour, je dis le mot “lesbienne”, d’où l’importance d’une série comme

Féminin/Féminin pour les filles qui doivent s’identifier comme lesbiennes tous les jours», conclut la présidente-fondatrice de Lez Spread the Word.

Au fond, Féminin/

Féminin, c’est une ode à l’amitié, pas que l’amitié lesbienne, mais les relations humaines CHLOÉ ROBICHAUD

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Les idéatrices de la série Chloé Robichaud et Florence Gagnon et la comédienne Sarah-Jeanne Labrosse ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

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